Le président du syndicat des 1800 ingénieurs de l’État, Marc-André Martin, affirme qu’il n’y aura pas de retour à la table de négociation « tant que le gouvernement va s’entêter à dire qu’augmenter nos heures de travail, c’est augmenter nos salaires, et tant qu’il ne déposera pas une offre salariale qui profite à une majorité de nos membres », en grève générale depuis le 22 avril.

Joint par La Presse au terme d’une manifestation tenue devant l’Assemblée nationale mercredi, le président de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) répondait ainsi à la ministre Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor. En matinée, celle-ci avait reproché à l’APIGQ d’avoir rompu des pourparlers mardi soir, en quittant la table de négociation sans même daigner commenter la dernière offre salariale, qu’elle a qualifiée de « substantielle ».

« On propose quelque chose qui est inédit dans la fonction publique québécoise, la création de deux échelles, deux structures salariales. C’est sans précédent, a affirmé la ministre en faisant le point sur les négociations mercredi matin. Pourquoi on fait cela ? C’est parce qu’on reconnaît qu’il y a au ministère des Transports un besoin de valoriser, de reconnaître et d’attirer l’expertise de haut niveau. »

« La création de cette double échelle, a expliqué Mme LeBel, va permettre d’offrir à des ingénieurs hautement qualifiés un traitement salarial plus élevé, ce qui est normal. Les ingénieurs disent vouloir valoriser l’expertise, mais en demandant la même structure salariale pour tous, et les mêmes augmentations. Nous, on veut s’attaquer au cœur du problème de l’expertise de haut niveau au ministère des Transports. »

Seulement 19 % des ingénieurs

Avec cette dernière offre salariale déposée mardi soir, le salaire d’un ingénieur de l’État au premier niveau de l’échelle passerait de 54 000 $ à 62 000 $. Au niveau le plus élevé, les salaires pourraient passer de 96 000 $ à 122 000 $, selon la ministre. C’est une augmentation de 28 %, largement supérieure aux demandes syndicales.

Le président de l’APIGQ a toutefois répliqué que la « générosité » de la dernière offre gouvernementale ne concernerait que 19 % de ses membres, soit environ un ingénieur sur cinq.

« Ceux qui en tireraient le plus grand bénéfice, ce sont les ingénieurs au dernier niveau de l’échelle qui n’ont pas encore une classe “expert”. Si on parle en termes de taux horaire, et en tenant compte de l’augmentation de la semaine de travail, ils feraient un gain salarial réel de 18 % », selon les calculs du syndicat.

En revanche, selon Marc-André Martin, pour 51 % des membres de l’APIGQ, soit la moitié, les nouvelles offres présentées par Québec représenteraient une augmentation salariale horaire moyenne de 6 à 7 %. C’est moins de la moitié du rattrapage salarial de 14,7 % réclamé par l’APIGQ pour les 1800 ingénieurs de l’État, dont les deux tiers travaillent au ministère des Transports du Québec.

Avec la collaboration de Fanny Lévesque