Le journaliste et auteur Mario Roy, qui a travaillé à La Presse durant plus de 30 ans, s’est éteint jeudi à Montréal.

Entré à La Presse en 1981, après avoir été reporter au Quotidien de Chicoutimi, Mario Roy a notamment couvert les affaires judiciaires et l’Assemblée nationale, avant de diriger la section des Arts et les pages culturelles du journal. Devenu éditorialiste en 1999, il a occupé cette fonction durant 15 ans, jusqu’à sa retraite.

« Mario était un être d’une redoutable intelligence, qui ne laissait personne indifférent », souligne François Cardinal, éditeur adjoint et vice-président Information de La Presse.

« Je me souviens, à l’époque où nous étions tous deux membres de l’équipe éditoriale au tournant des années 2010, d’un collègue doté d’une plume unique, capable de démonter n’importe quel argument, assumant ses positions même quand elles détonnaient ou dérangeaient. Bref, un journaliste de grande stature, qui manquera à la grande famille La Presse. »

« J’avais beaucoup de respect pour son courage. Il tenait son bout », témoigne André Pratte, qui était alors éditorialiste en chef de La Presse.

C’est un gars qui avait des opinions très directes, mais aussi un être très respectueux, droit

Serge Chapleau, ami et caricaturiste

« Il était cohérent dans ce qu’il défendait. Si tu voulais connaître le point de vue du centre droit sur un enjeu, Mario était une boussole très fiable, très exacte. Mais si tu arrivais avec une opinion contraire à la sienne, il n’allait pas te diaboliser pour autant », abonde Brian Myles, directeur du Devoir, et ami de longue date de Mario Roy.

« Faire réfléchir »

Passionné d’essais, Mario Roy vouait une admiration particulière au philosophe français Jean-François Revel. « J’avais emprunté son exemplaire de La tentation totalitaire, pratiquement une phrase sur deux était soulignée », illustre André Pratte. « Il l’avait interviewé quand il était plus jeune, il m’avait raconté qu’il était tellement gêné qu’il avait pris une couple de scotchs avant ! », relate le caricaturiste Serge Chapleau avec un sourire dans la voix.

« Je lui suis reconnaissant d’une chose : de nous faire réfléchir », mentionnait par ailleurs l’essayiste Mathieu Bock-Côté, en introduction d’une longue entrevue publiée en 2012 dans Le Journal de Montréal.

« Ça fait 30 ans sinon plus qu’on se connaissait… Il faisait partie de mon groupe de vieux chums, on se rencontrait régulièrement pour se dévisser la tête et refaire le monde », a écrit le chroniqueur Richard Martineau sur sa page Facebook lundi, en saluant sa « plume brillante », son « humour acéré » et sa « culture hallucinante ».

Mario Roy a publié plusieurs livres, dont Avant de m’en aller, biographie de Gerry Boulet qui a été adaptée au cinéma (Gerry), puis enregistré en livre audio par le chanteur Dan Bigras pour Radio-Canada.

Il a également signé un roman, Cité, un essai, Pour en finir avec l’antiaméricanisme, et un récit judiciaire, Le pendu de Chicoutimi.

« Tous les enjeux planétaires le passionnaient encore, il lisait, il regardait des conférences TED », souligne sa compagne des 20 dernières années, Joane Prince, journaliste-présentatrice à Radio-Canada.

Je vais beaucoup m’ennuyer de son intelligence, de son humour, de sa sensibilité, de sa gentillesse, de son côté parfois bougon…

Joane Prince, sa compagne des 20 dernières années

Mario Roy, qui laisse également dans le deuil ses deux enfants, Juliette et Thomas, s’est éteint aux soins palliatifs du CHUM, après une brève hospitalisation qui a suivi une longue maladie.

Lisez le dernier éditorial de Mario Roy, « Projet raison »