(Ottawa) La police d’Ottawa promet une forte présence dans la capitale et une tolérance zéro pour la haine alors qu’un convoi de centaines de motocyclettes se prépare à manifester dans la ville ce week-end. Jusqu’à 831 agents supplémentaires pourraient être mobilisés en renfort.

La Commission de services policiers d’Ottawa a approuvé, mercredi soir, une demande de mobilisation de renforts pouvant atteindre jusqu’à 831 policiers de la GRC afin de prêter main-forte au service municipal en cas de besoin.

Le service de police d’Ottawa avait demandé à la commission d’approuver la mobilisation rapide d’« un maximum de 200 » agents en surplus alors qu’ils se préparent à accueillir un nouveau convoi de manifestants, mais cette fois à moto plutôt qu’à bord de camions lourds. Jusqu’à 631 autres agents de la GRC qui avaient été appelés en renfort lors du siège des camionneurs, en février dernier, pourraient aussi être mobilisés à nouveau au besoin.

Par ailleurs, le service de police a demandé à ce que cette mise à la disposition de ressources supplémentaires soit maintenue jusqu’au 4 juillet alors que l’on s’attend à d’autres « évènements et manifestations ».

Plus tôt mercredi, le chef de police par intérim, Steve Bell, a déclaré aux conseillers municipaux d’Ottawa que ses forces n’avaient pas l’intention de laisser le convoi se transformer en une autre occupation illégale. Il a dit également que les agents agiront rapidement lorsqu’ils verront des actes répréhensibles, y compris l’affichage de croix gammées et d’autres actions haineuses.

« Les menaces ou l’intimidation seront traitées avec le niveau d’intervention nécessaire », a indiqué M. Bell qui s’attend à voir plus de 500 motocyclistes participer au convoi « Rolling Thunder Ottawa », qui doit se mettre en branle vendredi.

« Des équipes d’enquête, incluant notre unité spécialisée dans les crimes haineux, sont prêtes et vont se consacrer à recueillir des preuves en vue de déposer des accusations au besoin. L’affichage de signes haineux comme des croix gammées entraînera le dépôt d’accusations », a poursuivi le chef de police.

Alors que les organisateurs du convoi disent qu’ils prévoient de faire une boucle autour de la ville, avec un arrêt au Monument commémoratif de guerre du Canada, la police a déclaré qu’elle ne laisserait pas les véhicules s’approcher de la colline du Parlement.

Les manifestants du précédent convoi avaient été fortement critiqués pour avoir profané la tombe du Soldat inconnu et avoir stationné leurs camions sur le site de commémoration. Des clôtures avaient dû être érigées pour protéger le secteur avant d’être démantelées par les occupants. Aucune demande officielle n’aurait été formulée pour réinstaller ces clôtures d’ici vendredi.

La police et les habitants d’Ottawa sont sur leurs gardes après que le soi-disant « convoi de la liberté » plus tôt cette année a bloqué les rues de la ville pendant trois semaines avant que les agents ne répriment les manifestants, détenant et arrêtant des dizaines de personnes.

M. Bell a indiqué que la police d’Ottawa travaille avec la GRC et les agences de renseignement pour identifier les menaces et disposera d’équipes d’intervention rapide pour répondre aux urgences.

« Nous avons entendu vos inquiétudes, a-t-il lancé à l’intention des habitants d’Ottawa. Nous savons que vous vous remettez toujours des perturbations et des crimes commis (lors du précédent convoi). »

Les organisateurs du « Rolling Thunder » n’ont pas exprimé clairement les motivations derrière leur rassemblement à l’exception du fait qu’ils veulent se rendre à Ottawa pour « célébrer pacifiquement notre liberté ».

Selon les informations mises en ligne par les organisateurs, l’évènement serait mis sur pied en partenariat avec les groupes « Veterans for Freedom » et « Freedom Fighters Canada ». Deux groupes qui semblent être liés au soi-disant « convoi de la liberté » de janvier dernier.

« Veterans for Freedom » se décrit sur sa plateforme en ligne comme un rassemblement d’anciens combattants qui cherchent à « rétablir les libertés fondamentales de tous les Canadiens » et le « respect des lois canadiennes ».

Les membres du comité de direction de ce groupe sont tous liés aux précédentes manifestations. L’un d’entre eux était même un porte-parole du convoi de camionneurs. D’autres ont pu être vus dans des vidéos diffusées sur YouTube dans lesquelles ils clament leur soutien aux manifestants.

D’après le portail web des « Freedom Fighters Canada », l’organisation « réclame la fin de toutes les consignes sanitaires » ainsi que la fin des « lois tyranniques ». Certains de ses dirigeants ont aussi participé ou soutenu publiquement les précédentes manifestations.

Des conseillers inquiets

En réaction à la présentation du plan d’action du chef Bell, plusieurs conseillers municipaux représentant les quartiers autour du centre-ville ont fait part de leur inquiétude de voir les motos circuler à travers divers quartiers.

D’autres se soucient de la possibilité de voir les manifestants entrer en conflit avec un important évènement-bénéfice cycliste, prévu samedi, et qui vise à amasser des fonds pour le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario.

En guise de réponse, le chef de police a promis de suivre de près le convoi tout au long de son parcours à travers la ville, avec l’appui de remorqueuses et de barrières.