(Québec) Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a tranché. Il amendera le projet de loi 96 afin de permettre à tous les élèves des cégeps anglophones qui n’ont pas la capacité linguistique de suivre trois cours enseignés en français de leur substituer trois cours de français. Ces modifications au régime pédagogique collégial seront applicables dès la rentrée scolaire de l’automne 2024.

Avec cette proposition, le ministre caquiste modifie un amendement controversé de la réforme de la loi 101 qui a initialement été proposé par les libéraux. L’amendement initial du Parti libéral, qui avait été adopté en commission parlementaire, prévoyait que les élèves des cégeps anglophones, y compris les ayants droit (c’est-à-dire ceux qui ont étudié en anglais au primaire et au secondaire), devaient suivre trois cours de leur formation collégiale en français afin d’obtenir leur diplôme. Des cégeps ont par la suite affirmé qu’une telle disposition pousserait de nombreux élèves vers l’échec.

Le nouvel amendement soumis mardi par le gouvernement aux partis de l’opposition reprend ce que les libéraux avaient proposé il y a quelques jours en guise de compromis. Ainsi, les cégeps auront la possibilité d’offrir à leurs élèves de suivre trois cours de français s’ils ne peuvent pas suivre des cours enseignés en français. Il s’agira de cours réguliers d’une durée de 45 heures et qui auront un effet, comme tous les autres cours, sur la cote R. Cette cote est une mesure utilisée dans les cégeps pour mesurer le rendement des élèves en prévision de leur admission à l’université.

« Hautement préoccupant »

« Quand les libéraux ont déposé leur amendement, ça a démontré qu’il y avait une absence importante de maîtrise du français pour de nombreux jeunes anglophones. C’est hautement préoccupant et c’est même scandaleux », a affirmé mardi Simon Jolin-Barrette en entrevue avec La Presse.

« Ce n’est pas normal qu’au Québec, des gens ne puissent pas évoluer en français, alors que le français est notre langue commune. On va leur donner les outils pour apprendre le français et le maîtriser au niveau collégial », a-t-il poursuivi.

Plus tôt mardi, la députée libérale et porte-parole de l’opposition officielle en matière de protection du français, Hélène David, a affirmé que l’amendement que le ministre a finalement déposé en soirée serait un « énorme progrès de société ».

Le projet de loi 96, qui modernise la Charte de la langue française, doit être adopté selon les délais parlementaires dans les jours qui précèdent ou qui suivent la Journée nationale des patriotes, en mai.