Le week-end de Pâques a permis à des restaurateurs de faire de bonnes affaires, mais les répercussions de la pandémie se font encore sentir.

Les familles étaient au rendez-vous dimanche matin pour renouer avec le traditionnel brunch de Pâques, au grand bonheur des restaurateurs, heureux de retrouver des salles à manger pleines tout au long du week-end.

Impossible d’ignorer les sourires contagieux au restaurant Shay, à Griffintown. L’heure du brunch a sonné. Quelques habitués ouvrent le bal, alors qu’une dizaine de serveurs se frayent un chemin à travers les tables impeccables. Des clients papotent entre quelques bouchées de pancakes au baklava.

On s’attend à servir plus d’une centaine de convives. « Ça fait du bien, après une année où on a dû jouer au yo-yo. On a 176 réservations aujourd’hui ! », indique Charf El Mehdi, directeur général du restaurant libanais.

Depuis la réouverture fin janvier, c’est achalandé. Mais ce week-end, c’est le retour des touristes ontariens et des visiteurs venus des régions.

« On est vraiment chanceux », se réjouit le restaurateur.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Charf El Mehdi, directeur général du restaurant Shay

On sent aussi la bonne humeur devant le restaurant Dandy, dans le Vieux-Montréal.

Jocelyne Saint-Pierre et Marc Pépin faisaient la queue devant l’établissement dès 9 h. Venus d’Abitibi, ils ont profité de leur séjour dans la métropole pour visiter leur resto de prédilection, le temps d’un brunch à deux.

« C’est parfait que les restaurants soient ouverts. C’est sûr, on fait encore attention. Dans notre région, il y a beaucoup de cas », explique M. Pépin.

Ce sera un long week-end sans rassemblement familial pour le couple.

« Je n’organiserais pas de gros party de famille. Ce n’est pas le moment. On est passés voir nos enfants, mais c’est tout », précise Mme Saint-Pierre.

Au centre-ville de Montréal, rue Sainte-Catherine, les familles commencent aussi à s’attabler et à zieuter les commerces.

Matthew Frankel, gérant du restaurant Universel déjeuners & grillades, n’était pas surpris de voir des clients si tôt le matin. Vendredi et samedi, la salle à manger était bondée. Il note la présence de touristes, encouragés par le retour du beau temps et la levée de la majorité des restrictions au Québec. Il s’attendait à servir 500 tables dimanche.

On est juste contents de voir du monde. On les attend ! Même si c’est la folie, on est prêts pour ça.

Matthew Frankel, gérant du restaurant Universel déjeuners & grillades

Enjeu de main-d’œuvre

Malgré ce « retour à la normalité », le directeur du restaurant Shay jongle toujours avec les répercussions de la pandémie dans son milieu. Beaucoup d’employés de restauration se sont réorientés, ce qui met de la pression sur ceux qui n’ont pas abandonné le navire.

M. El Mehdi a décidé de fermer le restaurant lundi, malgré le long week-end. La journée aurait été lucrative, mais il préfère donner une pause à ses employés.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Tôt dimanche matin, des gens faisaient déjà la queue pour entrer au restaurant Dandy.

« Avec plus de personnel, j’aurais aussi pu ouvrir la terrasse chauffée. Après deux années très difficiles, on doit encore s’adapter.

« La COVID-19 existe encore ! », s’exclame Matthew Frankel quand on lui expose l’enjeu de la main-d’œuvre. Il a suffisamment de personnel aujourd’hui pour gérer l’affluence de clients. Mais l’inquiétude qu’un employé contracte le virus plane. « On est toujours à la merci d’une éclosion. Quand tu dois en isoler un, deux ou trois, c’est dur de fonctionner à pleine capacité. »