Si des « pas de géant » ont été faits en matière de lutte contre la violence conjugale au Québec en 2021, il y a encore du pain sur la planche.

C’est le constat dressé mercredi par le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (RMFVVC), un an après la mobilisation monstre du 2 avril 2021, où 22 marches avaient été organisées dans autant de villes du Québec pour dénoncer les violences vécues par les femmes et réclamer des actions du gouvernement, à la suite de huit féminicides en seulement huit semaines.

L’an dernier, c’est 17 femmes et deux enfants qui ont été tués par un conjoint ou un père violent. Une vague de féminicides sans précédent, en pleine pandémie de COVID-19. Deux féminicides présumés survenus en 24 heures, l’un à Lebel-sur-Quévillon, l’autre à Sainte-Agathe-des-Monts, ont déjà terni l’année 2022.

« Des avancées majeures ont eu lieu dans nos lois, dans nos pratiques d’intervention et de collaboration, et dans la couverture médiatique de la violence conjugale », a fait savoir Chantal Arsenault, présidente du RMFVVC, dans un point de presse virtuel, après la diffusion d’une vidéo dans laquelle six femmes ayant été victimes de violence conjugale prennent la parole.

« On observe aussi un volume d’appels vraiment plus important dans nos maisons d’aide et d’hébergement », a-t-elle ajouté.

Au nombre de ces avancées, on note :

– des investissements importants pour améliorer les services des maisons d’hébergement et la mise sur pied de cellules d’intervention rapide ;

– l’évaluation des conjoints violents dans le système judiciaire à l’étape de la remise en liberté ;

– la création d’une ligne téléphonique où des avocats de l’aide juridique offrent jusqu’à quatre heures de consultation aux victimes de violence ;

– la hausse du nombre de procureurs et de policiers qui se consacrent aux situations de violence conjugale et de violence sexuelle ;

– l’implantation de bracelets électroniques antirapprochement pour protéger les victimes de leurs agresseurs.

Selon Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques pour le RMFVVC, toutes ces mesures devraient permettre « un meilleur atterrissage » du projet de tribunal spécialisé, qui découle de l’adoption du projet de loi 92 déposé par le gouvernement Legault en septembre 2021.

« Mais, comme on l’a dit, le travail est loin d’être terminé », a-t-elle enchaîné.

Mieux accompagner les victimes

L’organisme souhaite notamment que des amendements soient apportés au projet de loi 15 réformant la Loi sur la protection de la jeunesse et à la réforme du Code civil et du droit de la famille, pour mieux tenir compte de l’aspect cumulatif et coercitif des différentes tactiques de contrôle.

Il réclame aussi des logements abordables et de l’aide financière pour permettre à des femmes de quitter un conjoint violent.

« On veut un meilleur accompagnement des victimes. On veut réduire les délais. On veut tenir compte de l’impact que la violence a eu sur leurs capacités de témoigner », a énuméré Mme Riendeau, tout en rappelant l’importance de former tous les intervenants, dont les policiers et le personnel médical, et d’éduquer les jeunes à des relations égalitaires : « Il faut que plus aucun garçon ne se sente légitime de contrôler son amoureuse. Il faut qu’aucun jeune, fille ou garçon, ne pense que la jalousie, c’est une marque d’amour. »

En savoir plus
  • 2,4 millions
    Somme injectée par Québec le mois dernier pour doter toutes les régions de cellules d’intervention rapide dans le but de mieux protéger les victimes de violence conjugale.
    source : Gouvernement du Québec