La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a ouvert une enquête sur le CISSS de l’Abitibi-Témiscamingue, qui a fait dormir une dizaine d’adolescents dont il avait la charge sur le sol d’un gymnase depuis plus de neuf mois.

« Considérant la nature et la gravité des informations alléguées dans les médias, la Commission enquêtera », a écrit l’organisme dans un communiqué de presse mercredi. L’organisme a « des raisons de croire » que les droits de ces mineurs n’ont pas été respectés.

Selon Radio-Canada, une dizaine d’adolescents hébergés au Centre jeunesse La Maison de Rouyn-Noranda vivent dans un gymnase reconverti en unité de vie temporaire depuis plus de neuf mois, sans accès direct à des toilettes ou des douches.

Les jeunes doivent dormir dans de minuscules « chambres » de 8 pieds par 5 pieds, fermées par un rideau, et dorment sur un matelas directement posé au sol. Ils n’ont aucun meuble pour ranger leurs effets personnels. Les adolescents n’ont pas accès directement à des toilettes ou des douches. Ils doivent être accompagnés d’un intervenant pour se diriger dans une « autre unité » pour faire leurs besoins. Il n’y a pas non plus de lavabo : ils n’ont accès qu’à des bouteilles d’eau.

En vidéo : point de presse de la députée de Québec solidaire, Émilise Lessard-Therrien, 5 avril 2022

Pire que des prisonniers

La députée de Québec solidaire Émilise Lessard-Therrien a dénoncé cette situation qui perdure dans sa circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue. « Ce n’est pas normal qu’on ne trouve pas de milieu de vie plus adéquat pour ces 12 jeunes. Les prisonniers n’ont même pas ces conditions, et on impose ça à des adolescents pendant neuf mois. Je ne peux pas croire qu’il n’y avait pas d’alternative », a dénoncé Mme Lessard-Therrien en point de presse mardi.

Mme Therrien a présenté à l’Assemblée nationale une motion qui « demande au gouvernement de prendre immédiatement les mesures appropriées afin d’assurer un milieu de vie digne pour ces adolescents ». Cette motion a été adoptée à l’unanimité.

De son côté, la Commission des droits de la personne explique que son enquête « a pour objectif de s’enquérir de la véracité des faits allégués et du respect des droits des jeunes » et veut s’assurer « que des mesures soient prises afin que la situation ne se reproduise pas ». « La Commission rappelle que la protection des enfants est l’affaire de tous et toutes au Québec », a indiqué l’organisme.

L’enquête de la Commission ne sera pas publique, mais elle pourrait « rendre publiques les recommandations systémiques ».