(Québec) Bruno Marchand n’a pas l’intention de céder dans son bras de fer qui l’oppose au gouvernement. Le maire de Québec s’apprête même à dévoiler des chiffres qui démontrent selon lui l’appui sans équivoque des citoyens envers une rue partagée sur René-Lévesque, qui donne moins de place à la voiture.

« La ville dont on rêve, c’est une ville du futur sobre en carbone. Et c’est là qu’on s’en va », a déclaré lundi le maire Marchand, qui se trouve au cœur d’un différend avec le gouvernement de François Legault.

« C’est non-négociable. Je l’ai dit la semaine passée. Et je suis regaillardi par ce que les citoyens ont exprimé comme volonté », a ajouté M. Marchand, lors d’une annonce aux côtés du ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette, et de la députée caquiste Joëlle Boutin.

La conférence de presse avait été organisée pour annoncer un octroi de 49 millions à la Ville de Québec pour lutter contre les changements climatiques, des sommes déjà inscrites dans le budget dévoilé la semaine dernière. Mais les questions des journalistes ont toutes porté sur le projet de tramway de la capitale.

Le gouvernement de la CAQ a fait savoir la semaine dernière qu’il s’opposait à ce que la Ville transforme une section de 500 mètres du boulevard René-Lévesque en rue partagée. Sur cette section, les voitures seraient tenues de partager l’espace avec les cyclistes et les piétons. Cette solution permettrait de préserver des arbres matures malgré l’insertion du futur tramway.

Le maire dit n’avoir eu aucune discussion avec le gouvernement depuis jeudi. L’impasse semble complète. « Je suis convaincu qu’on va avoir des rues partagées », assure toutefois le maire.

Les citoyens de Québec avaient jusqu’à vendredi pour se prononcer sur la meilleure solution pour René-Lévesque. « C’est probablement le questionnaire le plus rempli de l’histoire de la Ville. L’appui à la rue partagé a dépassé le chiffre de 60 % que je vous avais donné la semaine passée », a indiqué Bruno Marchand.

« Je pense que le gouvernement va entendre raison, va réaliser à travers les consultations qu’on a faites, que ça répond à un grand niveau d’acceptabilité sociale. On va sortir les chiffres cette semaine ».

Il s’attend donc à ce que le gouvernement approuve sans condition les décrets nécessaires au projet de tramway d’ici le 6 avril.

De la « saine gestion »

Le ministre de l’Environnement s’est montré solidaire de son caucus. Benoit Charette n’a toutefois pas voulu dire s’il s’opposait à la rue partagée, ou s’il pensait que la Ville devait couper davantage d’arbres pour faire plus de place aux automobilistes.

PHOTO FREDERICK MATTE, LE SOLEIL

Le ministre de l’Environnement Benoit Charette

« Mes collègues sont des députés dans certains cas de la région de Québec. Ils sont en contact avec les gens de leur population et c’est leur obligation de nous rapporter les questionnements qui peuvent être soulevés par les citoyens de Québec », a dit M. Charette.

Plusieurs membres du gouvernement ont dénoncé la rue partagée. Selon des projections de la Ville de Québec, ce scénario va allonger les temps de déplacement des automobilistes dans l’axe est-ouest.

« Ce n’est pas de l’ingérence. C’est de la saine gestion, compte tenu qu’on parle de sommes considérables », s’est défendu M. Charette, assurant que son gouvernement soutenait toujours le projet de quelque 4 milliards. Québec doit allonger au bas mot 1,8 milliard et Ottawa 1,2 milliard.

Bruno Marchand se par ailleurs défendu de mener une « guerre à l’auto », comme le lui a reproché Éric Caire la semaine dernière.

« On veut construire une ville verte, une ville où c’est possible de se déplacer de différentes façons. Ce n’est pas une guerre à l’auto. C’est une ville o c’est possible de se déplacer à bicyclette, à pied et où il y a aussi de la place pour l’auto. »