Une décennie a passé, mais nos photographes n’ont pas oublié les manifestations qu’ils ont suivies, jour après jour, soir après soir. Ils étaient au cœur de l’action, parfois la cible de la colère des manifestants. Voici leurs souvenirs, en images et en mots.

Le début d’une longue saison

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Première grande manifestation de ce que l’on connaît tous désormais comme le printemps érable. Ce 23 février 2012, c'est pourtant encore l’hiver et une petite neige tombe doucement sur Montréal…

« Quand on pense au printemps érable, on pense à l’été, aux casseroles, raconte le photographe Patrick Sanfaçon. Mais ça a vraiment commencé à l’hiver, avec le vote pour la grève générale illimitée et la manifestation du 23 février. » Patrick Sanfaçon couvre l’actualité depuis plus de 20 ans à La Presse. Il est habitué aux faits divers, aux affectations dures et ne compte plus depuis longtemps le nombre de manifestations qu’il a photographiées. Pourtant, celles de cette période bouillante restent gravées dans sa mémoire. « C’était exaltant », dit-il. Parmi ses photos marquantes, il y a celle-ci. « Je trouve que cette photo symbolise le cri du cœur des étudiants qui était exprimé à ce moment-là, dit-il. La manifestation a commencé à midi et s’est terminée en fin d’après-midi. On avait trouvé ça long, mais ce jour-là, on ne se doutait pas que ça allait durer jusqu’à l’été. »

La manifestation du Palais des congrès

Le 20 avril 2012
  • Avant que la tension ne monte aux abords du Palais des congrès, notre photographe capte cette dame qui passe candidement entre manifestants et policiers.

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

    Avant que la tension ne monte aux abords du Palais des congrès, notre photographe capte cette dame qui passe candidement entre manifestants et policiers.

  • Les choses se corsent lorsque les manifestants ont vent des propos du premier ministre à l’intérieur du Palais des congrès. Ici, un policier tire un projectile vers les manifestants.

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

    Les choses se corsent lorsque les manifestants ont vent des propos du premier ministre à l’intérieur du Palais des congrès. Ici, un policier tire un projectile vers les manifestants.

  • Des étudiants tentent alors de pénétrer à l’intérieur.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    Des étudiants tentent alors de pénétrer à l’intérieur.

  • Certains y parviennent lorsqu’un camion entre dans le garage.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    Certains y parviennent lorsqu’un camion entre dans le garage.

  • « Ç’a été ma manifestation la plus marquante », dit Alain Roberge.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    « Ç’a été ma manifestation la plus marquante », dit Alain Roberge.

  • La Presse couvre bien l’évènement : une dizaine de journalistes, vidéastes et photographes sont aux abords du Palais des congrès pour témoigner de cette importante manifestation.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

    La Presse couvre bien l’évènement : une dizaine de journalistes, vidéastes et photographes sont aux abords du Palais des congrès pour témoigner de cette importante manifestation.

  • Les policiers arrêtent ici un homme qui a lancé des projectiles durant la manifestation.

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

    Les policiers arrêtent ici un homme qui a lancé des projectiles durant la manifestation.

  • Notre photographe Alain Roberge se rappelle que le ton a changé, ce jour-là.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    Notre photographe Alain Roberge se rappelle que le ton a changé, ce jour-là.

  • Il y a des échanges de projectiles entre les deux camps, les policiers répliquent avec des grenades assourdissantes.

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

    Il y a des échanges de projectiles entre les deux camps, les policiers répliquent avec des grenades assourdissantes.

  • À l’issue de la manifestation, ce policier se retrouve couvert de peinture.

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

    À l’issue de la manifestation, ce policier se retrouve couvert de peinture.

  • Des dizaines d’arrestations mettent fin à la manifestation. Les participants qui ont été appréhendés sont fouillés avant d’être embarqués dans un autobus.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

    Des dizaines d’arrestations mettent fin à la manifestation. Les participants qui ont été appréhendés sont fouillés avant d’être embarqués dans un autobus.

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Une des plus importantes manifestations du printemps érable se tient devant le Palais des congrès, alors qu’à l’intérieur, Jean Charest présente un discours au Salon Plan Nord. Lors de son allocution, le premier ministre fait une boutade en indiquant qu’il y a de l’emploi dans le Nord pour les étudiants qui manifestent. Selon notre photographe Alain Roberge, la tension monte d’un coup à l’extérieur lorsque les étudiants ont vent de ces propos. « Ç’a été ma manifestation la plus marquante », dit Alain Roberge qui se rappelle que les policiers interpelaient beaucoup les journalistes et les photographes ce jour-là. Lui-même a reçu un coup de matraque, en suivant l’action de près. « Je pense que cette manifestation a été l’élément déclencheur de ce qui s’est passé à Victoriaville, deux semaines plus tard », dit notre photographe, qui se rappelle que le ton a changé, ce jour-là.

L’arrestation de notre photographe

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le 13 avril 2012, à Montréal-Nord, le photojournaliste Martin Chamberland agenouillé après son arrestation

Durant cette période, plusieurs journalistes et photographes ont été arrêtés avec les manifestants, puis relâchés rapidement. L’arrestation de Martin Chamberland a été plus complexe. En 25 ans à La Presse, notre photographe en a vu de toutes les couleurs. Mais il n’oubliera jamais le 13 avril 2012. Un vendredi 13. « Ça ne s’invente pas, n’est-ce pas ? », lance Martin. Ce jour-là l’a marqué pour la vie. En matinée, il s’était rendu au bureau de la ministre de l’Éducation de l’époque, Line Beauchamp, où se trouvaient des manifestants. C’est toutefois dehors, à leur sortie, que les choses se sont gâtées. « Je suivais le groupe et les policiers sont arrivés, raconte Martin. Tout le monde s’est mis à courir partout, dans tous les sens. Ça hurlait, c’était le chaos. Je filmais une arrestation, j’étais à 10 ou 15 m de la scène. Il y avait cinq policiers. L’un d’eux s’est retourné et m’a plaqué sur la voiture. » Martin Chamberland a passé des heures les mains au dos, menottées, dont deux heures dans la voiture des policiers. Il a été conduit à un poste de police, puis à un autre, avant d’être détenu, et finalement relâché sans accusation.

L’émeute de Victoriaville

  • La manifestation de Victoriaville, qui se tient pendant le conseil général du PLQ le 4 mai 2012, tournera rapidement à l’émeute.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    La manifestation de Victoriaville, qui se tient pendant le conseil général du PLQ le 4 mai 2012, tournera rapidement à l’émeute.

  • Ici, un homme assistant au rassemblement libéral, à l’intérieur du Centre des congrès de Victoriaville, regarde les manifestants regroupés à l’extérieur.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Ici, un homme assistant au rassemblement libéral, à l’intérieur du Centre des congrès de Victoriaville, regarde les manifestants regroupés à l’extérieur.

  • Manifestants réunis devant le Centre des congrès. Les choses ont rapidement dégénéré.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Manifestants réunis devant le Centre des congrès. Les choses ont rapidement dégénéré.

  • Policiers et manifestants se font face dans un nuage de gaz lacrymogène.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Policiers et manifestants se font face dans un nuage de gaz lacrymogène.

  • Selon notre photographe sur place, Edouard Plante-Fréchette, les affrontements se sont intensifiés à en devenir violents après seulement une heure de manifestation.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Selon notre photographe sur place, Edouard Plante-Fréchette, les affrontements se sont intensifiés à en devenir violents après seulement une heure de manifestation.

  • Ici, une violente altercation entre un manifestant et un policier de la SQ.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Ici, une violente altercation entre un manifestant et un policier de la SQ.

  • Plusieurs étudiants sont blessés gravement ce jour-là.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Plusieurs étudiants sont blessés gravement ce jour-là.

  • « Victoriaville, ç’a été différent des autres manifestations », souligne notre photographe Edouard Plante-Fréchette. Ici, des membres de la brigade antiémeute de la SQ.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    « Victoriaville, ç’a été différent des autres manifestations », souligne notre photographe Edouard Plante-Fréchette. Ici, des membres de la brigade antiémeute de la SQ.

  • « Victoriaville a été l’un des moments forts de cette période », ajoute Martin Tremblay, qui était alors directeur photo de La Presse.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    « Victoriaville a été l’un des moments forts de cette période », ajoute Martin Tremblay, qui était alors directeur photo de La Presse.

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Le 4 mai 2012, des centaines de manifestants de partout au Québec se retrouvent à Victoriaville où le Parti libéral est réuni en conseil général, au Centre des congrès de la ville. La manifestation tournera rapidement à l’émeute. « Personne n’était prêt pour ça. Ni les étudiants ni la police », se souvient le photographe Edouard Plante-Fréchette. « C’est vite devenu le chaos, raconte-t-il. Il y a eu beaucoup d’échanges de projectiles et de gaz. » Notre photographe a d'ailleurs lui-même dû composer avec des émanations de gaz et se soulager avec un mélange d’eau et de Maalox appliqué dans le visage et directement dans les yeux. « On y a vu des scènes qui ressemblaient à des scènes de guerre », renchérit Martin Tremblay, qui était alors directeur photo de La Presse. Les évènements de Victoriaville ont mené à une enquête du comité de déontologie policière qui a conclu qu’un membre de l’équipe antiémeute déployé devant le Centre des congrès avait manqué de prudence dans l’exercice de ses fonctions. Plusieurs manifestants ont été blessés gravement ce jour-là.

Yalda Machouf-Khadir

  • Le 20 mars, notre photographe Patrick Sanfaçon capte l’arrestation de Yalda Machouf-Khadir, qui fera grand bruit.

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

    Le 20 mars, notre photographe Patrick Sanfaçon capte l’arrestation de Yalda Machouf-Khadir, qui fera grand bruit.

  • Arrestation de Yalda Machouf-Khadir le 7 juin, chez elle, sur le Plateau Mont-Royal

    PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

    Arrestation de Yalda Machouf-Khadir le 7 juin, chez elle, sur le Plateau Mont-Royal

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Étudiante et militante, Yalda Machouf-Khadir, fille d’Amir Khadir, alors député de Mercier, se retrouve au cœur de l'actualité pendant le printemps érable. Le 20 mars, notre équipe est avertie qu’il y aura un blocus sur le pont Champlain. Les manifestants se regroupent ensuite autour du centre commercial Mail Champlain, à Brossard, où les policiers interviennent dans un contexte très chaotique. C'est à ce moment que Yalda Machouf-Khadir, qui avait participé aux évènements, est arrêtée sous les yeux du photographe Patrick Sanfaçon. Plus de deux mois plus tard, le 7 juin, notre photographe retrouve Yalda Machouf-Khadir alors que les policiers viennent la cueillir chez elle, sur le Plateau Mont-Royal. « On avait une bonne source qui nous avait prévenus qu’il y aurait une arrestation et on s’est rendus sur place tôt, raconte-t-il. Un convoi de policiers est arrivé rue Saint-Hubert. C’était très impressionnant. Ils savaient qu’ils allaient arrêter une étudiante et pourtant, il y avait un grand déploiement. »

Couvrir la crise, chaque jour

  • Valentine Abraham, 18 ans, élève au cégep du Vieux Montréal, et sa mère Anne-Laure participent à une manifestation contre la hausse des droits de scolarité devant les bureaux du ministère de l’Éducation rue Fullum, à Montréal, en ce 18 mars 2012.

    PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

    Valentine Abraham, 18 ans, élève au cégep du Vieux Montréal, et sa mère Anne-Laure participent à une manifestation contre la hausse des droits de scolarité devant les bureaux du ministère de l’Éducation rue Fullum, à Montréal, en ce 18 mars 2012.

  • Vue aérienne de la grande manifestation étudiante du jeudi 22 mars 2012

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    Vue aérienne de la grande manifestation étudiante du jeudi 22 mars 2012

  • Manifestation le 14 mai devant l’hôtel de ville de Montréal pour protester contre l’adoption d’une loi municipale, proposée par le maire Gérald Tremblay, qui contraindrait les gens à manifester à visage découvert.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Manifestation le 14 mai devant l’hôtel de ville de Montréal pour protester contre l’adoption d’une loi municipale, proposée par le maire Gérald Tremblay, qui contraindrait les gens à manifester à visage découvert.

  • Le 26 avril 2012, la manifestation se déroule au Conservatoire de musique de Montréal. Les participants sont attendus de pied ferme.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

    Le 26 avril 2012, la manifestation se déroule au Conservatoire de musique de Montréal. Les participants sont attendus de pied ferme.

  • Le 25 avril 2012, une autre manifestation se tient au centre-ville de Montréal, à deux pas de l’UQAM, et ses participants veulent dénoncer la rupture des négociations entre les associations étudiantes et le gouvernement.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

    Le 25 avril 2012, une autre manifestation se tient au centre-ville de Montréal, à deux pas de l’UQAM, et ses participants veulent dénoncer la rupture des négociations entre les associations étudiantes et le gouvernement.

  • Manifestation du 7 mai dédiée à Gabriel Duchesneau, un jeune militant qui a été blessé lors d’un violent affrontement avec les policiers.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    Manifestation du 7 mai dédiée à Gabriel Duchesneau, un jeune militant qui a été blessé lors d’un violent affrontement avec les policiers.

  • Un manifestant s’est masqué et participe à la marche du 7 mai.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

    Un manifestant s’est masqué et participe à la marche du 7 mai.

  • Des policiers protègent les bureaux du gouvernement libéral sur l'avenue McGill College, à Montréal, lors de la manifestation du 25 avril 2012.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

    Des policiers protègent les bureaux du gouvernement libéral sur l'avenue McGill College, à Montréal, lors de la manifestation du 25 avril 2012.

  • Cet étudiant masqué participe à la manifestation du 25 avril, dans les rues de Montréal.

    PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

    Cet étudiant masqué participe à la manifestation du 25 avril, dans les rues de Montréal.

  • Un policier et un manifestant se font face lors d’une manifestation qui se tient en soirée, le 2 mai 2012.

    PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

    Un policier et un manifestant se font face lors d’une manifestation qui se tient en soirée, le 2 mai 2012.

  • Quelques arrestations à l’angle des rues Crescent et Sainte-Catherine lors de cette manifestation au début de l’après-midi, le 10 juin. C’est le week-end du Grand Prix de Formule 1 du Canada.

    PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

    Quelques arrestations à l’angle des rues Crescent et Sainte-Catherine lors de cette manifestation au début de l’après-midi, le 10 juin. C’est le week-end du Grand Prix de Formule 1 du Canada.

  • Le 1er août marque la 100e manifestation nocturne dans les rues de Montréal. La fougue commence à s’essouffler.

    PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

    Le 1er août marque la 100manifestation nocturne dans les rues de Montréal. La fougue commence à s’essouffler.

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« Le printemps érable a été un moment unique pour nous, car c’était hyper visuel », dit le photographe Martin Tremblay, qui était alors le directeur photo de La Presse et qui a coordonné toute la couverture photo et vidéo de la crise. Son équipe était toujours sur le terrain. « Un soir, j’ai marché 14 km avec les manifestants. Il y avait des manifestations tous les soirs. On était toujours là », se rappelle le photographe François Roy, qui a couvert la crise en vidéo. « C’est difficile à expliquer, mais quand on arrivait sur une manif, on savait si ça allait être tranquille ou si ça allait mal tourner. »

Une tension palpable

« Il y avait une tension incroyable face aux médias mais aussi entre les manifestants, se rappelle le photographe et vidéaste François Roy. Tous n’avaient pas la même implication et à un moment donné, on a senti qu’il y avait plusieurs groupes dans ce grand groupe-là. » « Ç’a été un tournant pour les journalistes et les photographes, car ils étaient pris pour cible par les manifestants », ajoute Martin Tremblay. « On a aussi appris à comprendre la façon dont la police travaillait, explique François Roy. Quand la SQ débarquait, on savait qu’il y allait avoir des gaz fumigènes. J’ai été poivré solidement une fois ; sinon, les effluves venaient nous piquer le nez. Le SPVM travaillait avec des bombes assourdissantes. À la fin, on sentait que les policiers étaient fatigués et nous, on était brûlés. »

Propos recueillis par Stéphanie Bérubé, La Presse