(Ottawa) La police d’Ottawa hausse le ton devant les manifestants qui occupent la capitale nationale depuis près de deux semaines : ils risquent d’être accusés au criminel s’ils ne dégagent pas les rues.

« L’acte illégal de bloquer des rues dans le centre-ville a pour conséquence que des gens soient privés de l’emploi, de la jouissance et de l’exploitation légitimes de leur bien. On appelle cette infraction un méfait à l’égard des biens », indique le Service de police d’Ottawa dans un communiqué.

« Nous vous prévenons que quiconque bloquera des rues, ou qui aidera d’autres à le faire, pourrait de ce fait commettre une infraction criminelle […] Vous pourriez être arrêté sans mandat pour cette infraction si vous êtes impliqué dans une infraction ou aidez autrui, directement ou indirectement, à la perpétration de cette infraction. »

La police prévient également que les véhicules et autres biens des manifestants pourraient être saisis et éventuellement confisqués, et que des accusations ou des condamnations liées à des activités illégales peuvent empêcher les inculpés de se rendre aux États-Unis.

La police d’Ottawa a toutefois estimé déjà à 1800 le nombre de policiers supplémentaires qui seraient nécessaires pour faire respecter les lois et les règlements dans les circonstances actuelles.

L’avertissement intervient près de deux semaines après le début de la manifestation contre la vaccination obligatoire des camionneurs transfrontaliers — et, de façon plus générale, contre toutes les mesures de santé publique.

Cette menace intervient aussi après que des responsables municipaux d’Ottawa se sont entretenus avec le gouvernement fédéral afin de trouver des solutions pour mettre fin à la manifestation qui paralyse le centre-ville de la capitale fédérale depuis près de deux semaines. Cette manifestation a ensuite déclenché d’autres rassemblements de solidarité, dont certains ont bloqué la circulation aux postes frontaliers de Coutts, en Alberta, et au pont Ambassador, en Ontario.

« Des crimes ont été commis »

Plus tôt mercredi, le ministre fédéral de la Protection civile, Bill Blair, a reconnu que les résidants d’Ottawa avaient été « victimes d’actes de violence et d’irrespect », que « des crimes avaient été commis ». Il a indiqué qu’avec son collègue de la Sécurité publique, Marco Mendicino, il a rencontré mardi soir le maire d’Ottawa, Jim Watson, et ses fonctionnaires.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires municipaux pour nous assurer que le Service de police d’Ottawa dispose des ressources nécessaires pour faire respecter la loi afin de rétablir l’ordre public et de mettre fin à cette manifestation illégale », a dit le ministre Blair, mercredi.

Le Service de police d’Ottawa rapportait mercredi qu’il y avait eu 23 personnes arrêtées depuis le début de la manifestation et que 85 enquêtes criminelles avaient été ouvertes. Plus de 1300 contraventions ont aussi été distribuées aux manifestants, selon la police.

Le chef adjoint, Steve Bell, a ajouté que les policiers se concentraient surtout à protéger le périmètre qui entoure le centre-ville et à empêcher la livraison de bidons de carburant aux manifestants.

Le directeur de la Ville, Steve Kanellakos, a déclaré que le nombre de manifestants avait considérablement diminué, mais que des camps de base avaient surgi à l’extérieur du centre-ville, dont un au sud de l’Université Carleton.

Procédures citoyennes

Plus tôt cette semaine, un juge d’Ottawa a accordé une injonction de 10 jours qui ordonne aux camionneurs de cesser de klaxonner, ce qui a rendu le centre-ville nettement plus calme ces derniers jours. L’injonction était le résultat d’une action intentée par un groupe de citoyens, et non par la Ville.

« Ça ne devrait pas être aux résidants de rechercher ce type de protection auprès du tribunal en cas de danger et de préjudices clairement publics », a déclaré mercredi le conseiller municipal Jeff Leiper, qui qualifie de « menace publique » la paralysie du centre-ville. « J’ai bien hâte que la Ville commence à demander ces injonctions. »

Entre-temps, l’occupation du centre-ville continue de provoquer la fermeture d’une multitude d’institutions et de commerces d’Ottawa. Des résidants du centre-ville continuent aussi de se plaindre de gestes de harcèlement de la part de certains manifestants.

La Cité parlementaire empeste également les vapeurs de diesel des véhicules qui tournent au ralenti, ainsi que la fumée des barbecues, des feux de camp et de la marijuana.