(Montréal) Les banques alimentaires n’ont eu aucun répit depuis un an : les demandes d’aide des Québécois ont augmenté de plus de 30 % au début de la pandémie de COVID-19 et se maintiennent depuis, ne montrant aucun signe de ralentissement.

Même que le réseau des banques alimentaires du Québec anticipe, tristement, que les besoins accrus des citoyens vont se prolonger encore pendant quelques années.

Véronique Beaulieu-Fowler, la directrice des communications et de la philanthropie du réseau, rappelle que cela avait été le cas après la crise économique de 2008, qui avait plongé bien des gens dans la précarité.

À ce moment-là aussi les besoins avaient augmenté de près de 30 %, a-t-elle rapporté, « et ce n’est pas redescendu après ».

En avril 2020, beaucoup de gens ont perdu leur emploi avec la pandémie de COVID-19 et d’autres ont vu leurs revenus chuter : les demandes de denrées auprès des banques alimentaires ont augmenté de 30 % à 40 % selon les régions — une hausse « énorme », dit-elle — et « c’est resté à ce niveau-là depuis ».

Les Banques alimentaires du Québec sont un grand réseau de distribution de nourriture. Elles offrent des services d’aide alimentaire à la population dans chacune des régions du Québec, regroupant notamment les différents membres du réseau Moisson, dont Moisson Montréal.

Son directeur général, Richard Daneau, fait un constat similaire : la hausse des besoins enregistrée en début de pandémie a duré toute l’année. Sauf que pour la métropole, il rapporte une augmentation des demandes de 40-45 %.

« La pandémie a exacerbé la faim, la problématique de l’insécurité alimentaire », explique-t-il.

« On n’est pas revenus à des niveaux pré-pandémie. »

Le défi a été de tous les instants : alors que beaucoup d’organismes ont dû fermer leurs portes car ils ne pouvaient fonctionner avec les exigences sanitaires, et que d’autres ont pris le relais, les activités ont dû être réorganisées.

Mais M. Daneau rapporte aussi des succès : en pleine pandémie, Moisson Montréal a réussi à garnir les paniers de 45 % de plus de fruits et légumes frais, contribuant ainsi à une alimentation plus saine. Les comptoirs alimentaires ne donnent pas que du macaroni au fromage, souligne-t-il.

Il félicite aussi son équipe, employés et bénévoles, pour leur motivation malgré les longues heures de travail et leur respect constant des consignes sanitaires : « on n’a eu aucune éclosion », dit-il avec fierté. L’organisme n’a ainsi jamais été obligé de cesser ses activités, ce qui aurait été pénible pour ceux qui ont besoin de lui.

Depuis mars 2020, Moisson Montréal a redonné plus de 117 millions de nourriture aux différents organismes de Montréal et à d’autres banques alimentaires, soit 42 % de plus (ou 36 millions de plus) qu’en 2019.

Quant à Mme Beaulieu-Fowler, elle rapporte que le tiers des membres du réseau ont dû trouver des locaux supplémentaires pour entreposer la nourriture requise afin de répondre à la demande.

« Nos membres ont tout fait en leur pouvoir pour continuer leur mission. Ils ont été extraordinaires. Et le réseau a été très résilient. »

Elle souligne aussi les dons de la population, des fondations et des entreprises privées, ainsi que l’aide du gouvernement qui ont contribué à confectionner des paniers mieux garnis. M. Daneau abonde dans le même sens : « les dons en temps et en denrées ont dépassé nos espérances ».

« Un des constats encourageants, c’est que comme société, on s’est ramassés. On s’est tenus. »

Mme Beaulieu-Fowler espère que les dons continueront d’être au rendez-vous alors qu’elle souligne que le réseau est en train de se préparer « pour des années », puisqu’il anticipe que bien des gens et des familles vont demeurer dans la précarité financière.

Richard Daneau est du même avis.

Tant que la reprise économique ne sera pas réalité, les demandes accrues d’aide aux banques alimentaires vont demeurer, dit-il. « Les enjeux de sortie de pandémie nous inquiètent. »

« Trouvera-t-on assez de bouffe ? Pourra-t-on maintenir la cadence ? »

Depuis un mois, les arrivages de nourriture chez Moisson Montréal ont quelque peu diminué, observe-t-il.

« On ne peut pas baisser la garde. C’est ça qui occupe mon esprit. »