Une soixantaine de personnes, majoritairement des femmes, se sont réunies à Châteauguay pour honorer la mémoire des dix femmes tuées lors de la récente série de féminicides survenue au Québec depuis le début de l’année. La foule a observé une minute de silence pour Dyann Serafica-Donaire, retrouvée morte à Mercier à la mi-avril.

Les dizaines de citoyens et intervenantes, ruban blanc épinglé sur leurs vestes, se sont recueillis près d’un petit jardin où des chandelles et des photos des victimes ont été placées pour l’occasion.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Karine Morel, directrice générale de la Re-Source à Châteauguay, a chuchoté au micro les prénoms des femmes assassinées dans un contexte de violence conjugale. « Des hommes ont pris le contrôle sur leur vie de femme. Nous sommes ici pour dénoncer l’injuste, l’impensable. »

« Pensons à notre rôle auprès des auteurs de violence. C’est important de miser sur la prévention auprès de nos jeunes. J’espère voir le début d’une nouvelle ère où mes filles pourront vivre en sécurité dans leur foyer », explique Nicolas Renaud de l’organisme AVIF, dont le mandat est d’abolir les modèles et stéréotypes portés par la masculinité toxique est nécessaire, plaide-t-il.

Philippe Toupin était parmi les seuls hommes présents, accompagné de Xavier, son fils de 7 ans. « C’est naturel pour moi de venir ici. Je voulais que mon plus grand garçon assiste à ça, ça a plus d’impact qu’une discussion à la maison autour du souper. Je me questionne beaucoup sur comment être un bon allié et un bon exemple pour mes fils. »

Manque de places

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Nicole Desalines était postée derrière une table de bois tapissée de pamphlets, alors que les discours émouvants se succédaient. L’intervenante auprès des femmes à la Re-Source était sur place pour donner des conseils, car tout le monde à son rôle à jouer pour combattre le fléau de la violence conjugale, pense-t-elle.

Elle estime recevoir deux fois plus d’appels à l’aide depuis le début de la pandémie. Dans la ressource où elle travaille, on manque de place et on doit diriger les familles à d’autres endroits. « Nous avons six chambres seulement. Et c’est plein. »

Elle encourage l’entourage des femmes en difficulté à joindre les ressources appropriées. « Quand une femme est prise dans cet engrenage, c’est dur de prendre le téléphone. Il faut que la société entière soit vigilante. »