Quelques dizaines de manifestants se sont réunis mercredi à Montréal en appui à l’enseignante de Chelsea, en Outaouais, qui a dû quitter sa classe parce qu’elle porte le voile. La Loi sur la laïcité de l’État ne répond à « aucun problème » et est en ce sens « inacceptable », ont-ils dénoncé.

« Nous ne sommes pas contre les Québécois, nous ne sommes pas ici pour dire que les Québécois sont racistes », a déclaré d’emblée Frank Baylis, coprésident du comité « Non à la loi 21 » et ex-député du Parti libéral du Canada.

Seulement, demande-t-il, « qu’a fait cette femme pour perdre son emploi » ? « C’est inacceptable », ajoute Frank Baylis.

Au début du mois, l’enseignante Fatemeh Anvari, qui faisait de la suppléance dans une classe de troisième année d’une école primaire anglophone en Outaouais, a été affectée à d’autres tâches que l’enseignement parce qu’elle porte le voile.

La Loi sur la laïcité de l’État interdit aux enseignants – tout comme à d’autres agents de l’État en position d’autorité (policiers, agents correctionnels, avocats et juges) – le port de signes religieux durant leur prestation de travail.

« Une attaque frontale envers les femmes »

Samira Laouni s’était déplacée « en solidarité avec Fatemeh », mais aussi pour dénoncer une « attaque frontale envers les femmes, plus précisément les femmes musulmanes qui portent un signe religieux ».

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Samira Laouni

La loi 21 permet à des hommes musulmans d’être enseignants, mais pas à des femmes, illustre Mme Laouni, elle-même voilée.

Amal Sassi se tenait à proximité de la Place des Arts avec une affiche où on lisait « pour la laïcité, contre la discrimination ». Elle termine cette année son baccalauréat en enseignement.

« Je voulais faire de la suppléance, mais maintenant, je ne peux plus », dit la femme de 33 ans, qui a pratiqué ce métier pendant neuf ans en Tunisie.

Le voile, dit-elle, n’est pas un « vêtement ostentatoire ». « Pour moi, c’est un vêtement qui cache mon corps », explique Mme Sassi.

Elle aussi considère que la loi 21 est un « moyen d’oppression contre les femmes voilées ». « Ça fait partie de l’islamophobie », ajoute Amal Sassi, qui se dit certaine que la loi sera abrogée.

Frank Baylis, coprésident du comité « Non à la loi 21 », rappelle quant à lui que « chaque société moderne ajoute des protections à [ses] citoyens, elle n’en enlève pas ».