Les conditions de travail dans les fermes du Québec n’expliquent pas les départs des travailleurs temporaires, estime le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec.

« Ce sont les conditions de vie au Guatemala qui sont à l’origine des tentatives pour aller aux États-Unis [des travailleurs étrangers temporaires] », affirme Marcel Groleau, président général de l’UPA. En entrevue avec La Presse, il a réagi à l’article publié mardi qui indiquait qu’un nombre record de travailleurs étrangers temporaires avaient tenté de se rendre aux États-Unis de façon irrégulière cette année.

Les conditions de travail dans certaines fermes, le haut niveau d’endettement des travailleurs guatémaltèques, les permis de travail fermés et un réseau de recruteurs de plus en plus organisé sont des facteurs qui expliquent ce phénomène, avaient précisé dans cet article plusieurs experts dont le Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ).

Des employeurs respectueux, selon l’UPA

Une grande majorité des employeurs du secteur agricole respectent leurs travailleurs, tient à préciser le président de l’UPA. « Il y a plusieurs belles relations entre les familles agricoles du Québec et les travailleurs. J’en connais même qui vont au Mexique pour rencontrer les familles [de leurs travailleurs] pendant l’hiver », raconte-t-il.

Un mauvais employeur est un de trop, soutient tout de même Marcel Groleau. « Nous, à l’UPA, jamais on ne va défendre un employeur qui se trouve fautif de ne pas avoir respecté ses ententes [avec ses employés] », assure-t-il. Ce type d’abus nuit à tout le secteur agricole, ajoute le président.

Selon lui, les risques pour les employeurs de se retrouver sur une liste noire et de ne plus être autorisés à embaucher des travailleurs étrangers temporaires sont un incitatif important pour que les fermes traitent bien la main-d’œuvre.

Quant aux conditions de recrutement, qui font en sorte que certains travailleurs, particulièrement ceux qui viennent du Guatemala, arrivent au Québec endettés de plusieurs milliers de dollars, l’UPA dit ne pas avoir de contrôle sur cette réalité.

La possibilité de changer de ferme

Depuis le printemps, les règles se sont aussi assouplies, permettant à certains travailleurs de changer d’emploi. « Auparavant, ça prenait trois mois pour pouvoir changer d’employeur ; maintenant, ça prend 10 jours », explique Marcel Groleau. De nouveaux secteurs d’activité ont aussi été ouverts aux travailleurs étrangers temporaires, ce qui fait en sorte que les fermiers craignent de devenir un bassin de recrutement pour d’autres secteurs d’emploi, a spécifié le président dans un courriel envoyé plus tôt cette semaine.

« C’est inacceptable qu’un employeur agricole franchisse toutes les étapes et assume tous les coûts pour obtenir des travailleurs et ensuite voir ses travailleurs être tout bonnement recrutés par un autre employeur qui, lui, n’aura à assumer aucun coût », dénonce le président de l’UPA.

« Oui, il y a une mobilité. Ils appellent ça des transferts. Mais il faut que l’employeur accepte le transfert, spécifie Michel Pilon, directeur du RATTMAQ. Ce n’est pas un permis de travail ouvert [qui permet à l’employé de choisir son employeur]. »

L’accès aux travailleurs étrangers temporaires à la résidence permanente au Québec serait une bonne solution, croit finalement le président de l’UPA. « Il y a des travailleurs, maintenant, qui jouent le rôle de coordonnateur dans les fermes, fait-il remarquer. Ce sont des gens qui sont prêts à travailler en région. Je trouve qu’il devrait y avoir une ouverture pour [offrir la résidence permanente à] ces travailleurs. »