Il manque de synagogues à Outremont. Cette pénurie de lieux de culte s’observe aussi dans d’autres arrondissements, en raison de règlements trop restrictifs brimant la liberté de religion. Telle est la conclusion d’un rapport commandé par l’arrondissement adossé à la montagne à un sociologue des religions de l’UQAM, qui sera dévoilé lors d’une conférence sur Zoom jeudi soir.

« Les règlements de zonage sur les lieux de culte ne comprennent pas leur importance dans la vie d’une communauté minoritaire », explique Frédéric Dejean, à qui l’administration Projet Montréal d’Outremont a commandé le rapport. « Il s’agit de lieux d’enseignement et de socialisation aussi. Ce ne sont pas seulement des lieux de prière. »

Les synagogues hassidiques d’Outremont font les manchettes depuis belle lurette. Un référendum en 2016 avait avalisé un règlement interdisant les nouveaux lieux de culte rue Bernard. Ils étaient déjà interdits sur les avenues Laurier et Van Horne, de même que dans les rues résidentielles.

Un petit secteur du nord-est de l’arrondissement avait été réservé aux nouveaux lieux de culte, mais il était jugé impraticable par les hassidiques, qui par obligation religieuse ne peuvent conduire leur voiture le samedi, jour du sabbat.

Liberté de religion

De tels motifs font partie de la liberté de religion garantie par la Constitution, selon M. Dejean, qui a fait une trentaine d’entrevues avec des hassidiques et des non-hassidiques pour son rapport.

« Il n’y a jamais eu de jugement spécifiquement sur cette exigence d’avoir un lieu de culte accessible à pied. Mais dans un jugement sur une église évangélique dans le nord de Montréal, le juge avait estimé que la présence d’une église évangélique dans un autre arrondissement était suffisante pour desservir la population. Mais il avait précisé, comme s’il avait en tête les hassidiques, que si un groupe religieux avait comme obligation de se rendre à son lieu de culte à pied, la décision aurait peut-être été différente. »

En Israël, dans certains quartiers hassidiques, la circulation automobile est interdite le samedi et les femmes portant des vêtements jugés indécents sont parfois harcelées. Est-ce que ces exigences pourraient aussi être protégées par la liberté de religion ?

« Certains hassidiques d’Outremont en effet n’aiment pas beaucoup les femmes en bikini dans les parcs, répond M. Dejean. Mais ils savent qu’ils vivent dans une société plurielle, qu’ils doivent faire des compromis. Et il y a d’autres droits individuels qui entrent en conflit avec la liberté de religion dans ce cas. Cela dit, les hassidiques n’aiment pas beaucoup les zones piétonnes à Outremont, parce qu’ils estiment que ça ne leur apporte rien, qu’elles sont destinées aux gens qui vont dans les restaurants et au théâtre. »

Écoutez la présentation de Frédéric Dejean sur le manque de synagogues à Outremont, le 25 novembre, à 19 h

ÉCOUTEZ la présentation du sociologue Frédéric Dejean