« Je suis sans mot. » Le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, ne s’explique toujours pas la mort tragique de Thomas Trudel, un adolescent de 16 ans, dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension dimanche soir. En soirée mardi, une centaine de jeunes se sont rassemblés sur les lieux du drame en l’honneur de l’adolescent.

« C’est une situation inacceptable. […] C’est un évènement de trop, encore. Il faut vraiment que l’ensemble des acteurs de la communauté se mobilisent », a-t-il expliqué mardi lors d’une conférence de presse, ajoutant qu’il souhaite trouver les coupables le plus rapidement possible.

« Je demande aux gens qui ont la moindre information de les transmettre au 911 ou à Info-Crime Montréal », a-t-il aussi réclamé en disant vouloir faire avancer l’investigation.

Thomas Trudel, 16 ans, retournait chez lui dimanche soir après une sortie au parc lorsqu’il a été abattu à deux pas de sa maison, dans Saint-Michel. Les motifs demeurent inconnus et aucune arrestation n’a été rapportée, deux jours après le drame.

Un individu aurait tiré dans sa direction après un bref échange verbal ; l’adolescent a alors reçu une balle au haut du corps. C’est un témoin de la scène qui a appelé le 911. Il s’agissait du 31meurtre à survenir à Montréal cette année.

Afin de ne pas nuire au travail des enquêteurs, le directeur du SPVM est demeuré très flou sur les informations recueillies par ceux-ci jusqu’à maintenant. « L’enquête se déroule très bien. Les enquêteurs sont à pied d’œuvre. Ça progresse, mais ça peut prendre du temps. Toutes les informations qui nous sont acheminées sont vérifiées », s’est-il limité à dire.

« Une personne extrêmement gentille »

Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile tenue au lieu du drame. Les proches, les collègues d’école et les amis de Thomas étaient regroupés en demi-cercle, devant des gerbes de fleurs et des lampions. Un silence total régnait.

« Depuis le primaire, j’étais avec lui. C’était le gars qui faisait des blagues. Il n’était jamais sérieux », s’est remémoré Yerhatel Sanchez-Mendoza avec le sourire. « Il est décédé très jeune et juste à côté de chez moi. Ça peut arriver à n’importe qui », a-t-elle ajouté.

Vigie pour Thomas Trudel, mardi soir
  • Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile pour Thomas Trudel tenue au lieu du drame.

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile pour Thomas Trudel tenue au lieu du drame.

  • Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile pour Thomas Trudel tenue au lieu du drame.

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile pour Thomas Trudel tenue au lieu du drame.

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    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile pour Thomas Trudel tenue au lieu du drame.

  • Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile pour Thomas Trudel tenue au lieu du drame.

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    Plus d’une centaine de jeunes se sont recueillis, mardi soir, à l’occasion d’une vigile pour Thomas Trudel tenue au lieu du drame.

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Quelques mètres plus loin, quatre adolescentes se serraient dans leurs bras, laissant s'échapper quelques sanglots. « On allait au primaire et au secondaire avec lui. Il était tellement énergique et drôle », a dit Malak Midou.

« C’était lui qui faisait rire tout le monde. Il était tout le temps là pour qui que ce soit. Il y a vraiment un vide partout, il manque vraiment quelqu’un », a renchéri Audréanne Beaubien-Lamoureux en larmes.

L’ambiance était lourde en début de semaine à l’école secondaire Joseph-François-Perrault que fréquentait Thomas. « Dans les classes, tout le monde pleurait. On n’a pas eu de cours, parce que personne n’était capable, même les profs », a ajouté Audréanne.

Des cours ont été annulés et des intervenants ont été mis à la disposition des élèves. « Ils ont reporté des examens, ils étaient là pour nous, ils se sont mis à notre place », a ajouté Adbel Krim en essuyant une larme qui coulait sur sa joue.

« Je traînais beaucoup avec lui, on rigolait souvent ensemble. C’était une personne extrêmement gentille. Quand on avait besoin de lui, il était toujours là », sanglotait Lyna Drareni, élève de secondaire 5.

C’était très bizarre à l’école. Il manquait vraiment quelque chose. Vendredi je lui ai dit au revoir. Dans ma tête, j’allais le revoir lundi, mais je ne l’ai pas vu. Ça m’a fait mal au cœur, j’en avais la boule au ventre toute la journée.

Lyna Drareni, élève de secondaire 5

La plus récente victime de la violence armée dans les rues de Montréal aurait pu être confondue avec une autre personne, estiment deux amis de Thomas Trudel en quête de vérité. Le défunt n’était impliqué dans aucun conflit à leur connaissance.

« On en parle beaucoup depuis que c’est arrivé parce qu’on ne comprend pas. Personne ne voulait du mal à Thomas. C’est de la violence gratuite. »

« Je me dis, peut-être qu’il pensait qu’il était quelqu’un d’autre vu qu’il faisait noir. Ça doit être une erreur sur la personne. Je n’arrête pas de me demander comment quelqu’un peut faire ça », poursuit un autre copain.

« C’est difficile à comprendre », dit Plante

De son côté, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a promis mardi de continuer à « tout mettre en œuvre, comme le SPVM l’a fait depuis la tragédie dans la nuit de dimanche, pour trouver le ou les coupables ». « Nous allons continuer à faire front commun, avec les organismes communautaires, la police et la Ville, pour que ce type de tragédie ne se reproduise plus », a-t-elle dit.

Visiblement ébranlée par les évènements, Mme Plante a dit vouloir envoyer toute son énergie et ses sympathies à la famille, aux amis et aux proches de Thomas Trudel, mais également « à toute la communauté » qui est « complètement atterrée » par ce crime.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

La mairesse Valérie Plante et le directeur du SPVM Sylvain Caron placent des fleurs à l’endroit où Thomas Trudel a été abattu.

« De savoir qu’il y a un jeune homme qui a été abattu froidement, c’est difficile à imaginer, c’est difficile à comprendre. […] Je sais qu’il avait 16 ans. C’est trop petit. Ça n’a pas de sens. C’est un moment qui est bien sûr difficile pour nous tous et toutes, surtout pour les gens qui le connaissaient bien », a-t-elle dit devant les caméras, sans cacher ses émotions.

Ce n’est pas comme ça qu’on est à Montréal. On ne veut pas cette violence gratuite, tous ces incidents qui impliquent des armes à feu. On veut des milieux de vie sécuritaires où les enfants peuvent aller à l’école en sécurité et s’amuser avec leurs copains sans risques.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Malgré tout, la cheffe de Projet Montréal s’est voulue rassurante, affirmant que les ressources déployées dans les derniers mois, depuis la recrudescence des fusillades à Montréal, « portent fruit ». « Nous allons continuer sur cette lancée », a-t-elle assuré en promettant d’en faire plus pour sécuriser les quartiers.

En campagne électorale, son parti a promis d’injecter la somme de 110 millions sur quatre ans pour lutter contre les violences armées et assurer la sécurité des Montréalais.