(Québec) Les syndicats dénoncent la décision de Québec d’imposer à certains fonctionnaires un retour progressif au bureau dès cette semaine. Ils laissent même entendre que le gouvernement cède aux pressions des commerçants des centres-villes.

L’État a annoncé la semaine dernière un retour progressif en présentiel dès ce lundi pour les gestionnaires et leurs proches collaborateurs à raison de deux jours par semaine. Le reste des fonctionnaires devra rentrer au bureau d’ici la fin de janvier.

La présidente du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) se demande pourquoi avoir lancé ce retour au bureau juste avant les Fêtes.

« Les gens vont rentrer deux jours avant Noël et revenir après Noël ? Sérieusement, est-ce qu’on peut considérer cela comme une bonne gestion ? », demande Line Lamarre.

Le SPGQ et le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) déplorent de ne pas avoir été consultés par Québec. Selon eux, l’État a agi dans l’urgence pour ramener les fonctionnaires dans les centres-villes avant les Fêtes.

« Ce qu’on voit, c’est un gouvernement qui dit : ‟Écoutez, les centres-villes ont besoin de vous, vous ne voudriez pas aller dépenser au centre-ville ?” », estime Line Lamarre.

« Assurément qu’il y a des pressions, pour les bars, pour les restaurants, qui doivent avoir hâte, reconnaît-elle. Au centre-ville de Québec, c’est une manne inespérée, la fonction publique, juste au Complexe G, ça fait vivre beaucoup de petits commerces. »

Le président du SFPQ voit les choses du même œil. « Pour nous, c’est précipité. On n’y voit aucun intérêt sauf un intérêt économique, en fonction de ce que les grands commerçants souhaitent, soit de ramener des travailleurs dans les centres-villes », avance Christian Daigle.

« Quelle autre raison pourrait-il y avoir de ramener les travailleurs dans les centres-villes ? Les membres font 100 % de leurs tâches. Il n’y a eu aucun retard », avance le leader syndical.

Aucune surprise, selon Québec

Le gouvernement répond que l’annonce de la semaine dernière n’est une surprise pour personne. Les fonctionnaires devaient initialement rentrer au bureau en septembre dernier.

« Le retour au travail des fonctionnaires est en préparation depuis des mois. Nous avons d’ailleurs reporté ce retour deux fois plutôt qu’une, en raison de la quatrième vague, tout en précisant que le retour allait s’effectuer dès que la situation le permettrait », répond Florence Plourde, du cabinet de la ministre responsable de l’Administration gouvernementale, Sonia LeBel.

« La Santé publique, au début du mois de novembre, a révisé sa recommandation sur le télétravail, afin d’encourager le retour en présentiel », ajoute Mme Plourde.

Le gouvernement espère que 50 % des travailleurs auront remis les pieds au bureau d’ici le 14 janvier et 100 % d’ici le 28 janvier 2022. Leur retour se fera en mode hybride, avec une présence au bureau et des journées en télétravail.

La présidente du SPGQ croit en outre que l’État québécois aurait dû repousser le retour au présentiel pour des raisons écologiques.

« On demande que les gens retournent au travail au lendemain de la COP26 en sachant très bien que ça veut dire mettre des milliers d’automobiles sur les routes. Si l’environnement était important, ce serait une belle chance d’y participer », argue Line Lamarre.

Les syndicats de fonctionnaires ne s’en cachent pas : ils aimeraient que leurs membres qui le désirent puissent continuer de faire une partie de leur semaine en télétravail une fois la pandémie terminée, dans des modalités à établir.