La pluie n’a pas freiné l’ardeur des superhéros, des sorcières et des vampires dimanche soir, qui ont parcouru les rues de Montréal en quête de bonbons. Redoublant d’originalité, petits et grands se sont adaptés lors de la seconde fête d’Halloween en temps de pandémie.

Les rues du Plateau Mont-Royal se sont animées dès le début de la soirée. De nombreuses maisons étaient décorées de citrouilles et de lumières multicolores.

Des dizaines de jeunes se sont arrêtés devant le domicile d’Edmond Boileau. Accompagné de ses enfants Lucie, Jules et Madeleine, il donnait des bonbons du haut de son perron, à l’aide d’un panier suspendu au bout d’une corde.

« Ça fait des mois qu’on attend ce soir-là », lance le père de famille, derrière un masque d’oiseau. Il explique avoir élaboré son dispositif de distribution de bonbons l’année dernière, en raison de la pandémie.

Dans le même secteur, Andy Marcotte est demeuré à l’extérieur après son quart de travail chez Les Tailleurs coiffeurs pour donner quelques bonbons aux enfants costumés. « C’est un quartier très résidentiel ici, il y a quand même beaucoup de [personnes] qui ont décoré », raconte-t-il.

Un peu plus loin, deux couples de voisins ont érigé un chapiteau sur le trottoir afin de distribuer des friandises à l’abri de la pluie. « On s’amuse, notre cœur d’enfant revient », lance Jeanne Audette, tout sourire.

Elle offrait des sacs préparés individuellement aux enfants, et, étant vaccinée, elle ne craignait pas de contracter la COVID-19. « De toute façon, le contact n’est pas long », dit-elle. Joëlle Richard distribuait des bonbons à ses côtés. « On adore ça », évoque-t-elle, disant que la fête de l’Halloween est une réelle tradition pour sa famille.

Directives et créativité

Le ministère de la Santé et des Services sociaux avait divulgué des recommandations concernant le déroulement de l’Halloween. Une distance de 1 m entre les personnes devait être respectée dans la mesure du possible. Il était aussi recommandé de « s’abstenir de chanter ou de crier devant les personnes qui donnent les friandises ».

Le lavage des mains avant et après la collecte de bonbons était recommandé. La distribution des friandises dans des sacs individuels était également à privilégier pour réduire les contacts.

D’autres Montréalais ont fait preuve de créativité, cette fois pour transformer leur ruelle à l’occasion de l’Halloween. Sous un chapiteau, de la fumée blanchâtre s’échappait d’une petite machine et des citrouilles à l’air inquiétant diffusaient la lumière de petits lampions. Des parents y distribuaient des friandises.

« On a un regroupement Facebook de la ruelle », explique Alain Duchesne. « On demande aux gens d’enlever leurs voitures. Ça fait à peu près quatre ans que les gens participent. Pour les enfants, c’est plus sûr que de marcher sur les trottoirs et de traverser la rue », poursuit-il.

Cette ruelle du Plateau Mont-Royal est prisée par les amateurs de l’Halloween. Martine Trudel et ses jumeaux, Kellyan et Isaac Trudel, qui résident dans le secteur d’Hochelaga-Maisonneuve, y sont venus spécialement. « On vient toutes les années, on n’est jamais déçus », dit la mère.

« Plus animée que l’année dernière »

Selon Jill De Coninck, la soirée d’Halloween est « plus animée que l’année dernière », affirme-t-elle à La Presse, pendant que son fils Nile remplissait son sac de bonbons.

La maison de Francine et Rénald Gascon était décorée du sol jusqu’au toit. Des fantômes et des citrouilles gonflables entouraient l’allée qui menait à l’entrée, et des guirlandes lumineuses orangées ornaient le bâtiment. Le couple est reconnu dans le quartier depuis une quinzaine d’années pour les décorations de sa maison.

« On a fait à peu près 350 sacs » de bonbons, explique M. Gascon, portant un chapeau de pirate. Au passage de La Presse, vers 18 h 30, plus de la moitié s’était déjà écoulée.

Le couple n’est pas le seul à être réputé pour ses décorations originales. Dans le secteur du parc De Lorimier, un canot avait été accroché à un balcon. Deux personnes vêtues de chemise carreautée s’y trouvaient, et lançaient des bonbons dans les sacs des enfants. Une fausse petite forêt avait été aménagée au sol, de façon à reproduire la mythique scène du conte La chasse-galerie.

« Il y a [des gens] qui sont déjà venus nous dire : “On est venus pour ça et vous ne l’avez pas fait” », raconte Jean-François Boyer. Cette année, sa femme, Virginie, et lui ont décidé de recréer leur populaire décoration. « Les voisins d’en face nous ont dit : “Enfin, vous l’avez remise !” »