(Ottawa) Le Canada est toujours un partenaire fiable pour combattre les changements climatiques, même si les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté au cours des dernières années, soutient la nouvelle haute-commissaire britannique à Ottawa.

Susannah Goshko a déclaré à La Presse Canadienne que le gouvernement Trudeau a fait preuve de leadership sur la scène mondiale dans la lutte aux changements climatiques.

Elle souligne notamment que le Canada a doublé ses engagements financiers et augmenté ses cibles de réduction des émissions de carbone. Cela met de la pression sur les autres pays.

Mme Goshko s’est prononcée à ce sujet au moment où le Royaume-Uni se prépare à présider la prochaine conférence de l’ONU sur le sujet des changements climatiques, la COP26, qui se déroulera le mois prochain à Glasgow, en Écosse.

PHOTO FOURNIE PAR LE HAUT-COMMISSARIAT BRITANNIQUE À OTTAWA

La nouvelle haute-commissaire britannique à Ottawa, Susannah Goshko

Le premier ministre Justin Trudeau a dû essuyer les critiques de ses rivaux politiques et des groupes environnements lors de la récente campagne électorale. Les émissions de carbone ont continué d’augmenter de 2015 à 2019, la plus récente année où les données sont disponibles, au Canada.

On ignore si les nouvelles politiques fédérales ont permis au pays de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre au cours des deux dernières années, mais les plus récentes données ont nourri la vision selon laquelle la réputation du Canada a été ternie depuis 2015.

Mais pas aux yeux des Britanniques, selon Mme Goshko.

« Il est bien sûr difficile de faire ce qui est nécessaire pour atteindre nos objectifs climatiques, dit-elle. La transition vers une économie carboneutre est vraiment, vraiment délicate. La chose importante en ce qui concerne le Canada, c’est que la volonté d’y parvenir existe. »

Le Canada s’est engagé cette année à être carboneutre d’ici 2050. Il a promis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 à 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030.

Cette volonté exprimée par le gouvernement canadien démontre « le puissant leadership du Canada » dans ce domaine, affirme Mme Goshko. Elle souligne aussi l’action commune du Canada et de l’Allemagne pour convaincre les pays riches à mobiliser 100 milliards pour aider les pays pauvres à combattre les changements climatiques.

« C’est le genre de leadership dont nous avons besoin. Il faut que tous les pays intensifient leurs efforts si on veut que la prochaine COP soit une réussite. »

Selon elle, il est crucial que la Chine, qui est le plus important émetteur mondial de GES, joue un rôle à la COP26, mais le gouvernement britannique attend toujours de savoir si le président Xi Jinping sera présent dès l’ouverture de la conférence.

La haute-commissaire rappelle que même si la Chine est très énergivore, il est le pays qui investit le plus dans les énergies renouvelables.

Faire front à la Chine

Mme Goshko a été une conseillère de haut rang de l’ancien secrétaire aux Affaires étrangères Dominic Raab pendant la période qui a vu un renforcement des liens entre les deux pays.

Elle a pu observer une amitié se développer entre M. Raab et l’ancien ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, avant et après le début de la pandémie de COVID-19.

Mme Goshko rapporte que son ancien patron était très enthousiaste à l’idée d’approfondir les relations du Royaume-Uni avec le Canada, notamment à la suite du Brexit.

Cela s’est manifesté par un appui constant au Canada pour dénoncer l’emprisonnement arbitraire de Michael Kovrig et de Michael Spavor, qui ont été finalement libérés en septembre.

La diplomate rappelle que le Canada a été l’un des premiers à condamner les violations des droits de la personne à Hong Kong. Il a sanctionné la Chine pour avoir maltraité la minorité ouïghoure dans la province de Xinjiang.

« Je ne peux pas me souvenir d’une fois où le Canada aurait refusé de nous appuyer sur ces sujets », dit-elle.

Mme Goshko soutient que la coopération militaire entre le Royaume-Uni et le Canada demeurait grande, notamment dans l’est de l’Europe et dans l’Arctique.

Elle a maintenu que l’alliance entre les services de renseignement des deux pays, des États-Unis, de l’Australie et la Nouvelle-Zélande, connue sous le nom des Five Eyes, demeurait une grande priorité pour le Royaume-Uni. Chaque pays membre cherche à renforcer ses capacités dans ce domaine. Il n’y a rien de contradictoire avec la formation de l’AUKUS, une nouvelle alliance entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni.

« Je ne pense pas que l’AUKUS nuise à Five Eyes. Il ne sera pas logique pour nous qu’une organisation fonctionne au détriment de l’autre. »