La Ville de Rosemère ne pourra aller de l’avant pour permettre un lotissement résidentiel dans son golf, a tranché Québec. Un rebondissement qui ajoute une page au feuilleton de ce terrain de golf au cœur d’une controverse au nord de Montréal.

À la demande de la municipalité, la MRC Thérèse-de-Blainville a adopté, le 7 juillet dernier, une proposition règlementaire qui changerait l’affectation du terrain de golf à son schéma d’aménagement. Celle-ci passerait de « golf » à « résidentielle en milieu paysager ».

Le 17 septembre, La Presse a révélé que le site n’est pas conforme « aux usages résidentiel et commercial projetés » en raison de taux trop élevés de mercure et d’arsenic. La décision du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) ne repose pas cependant sur ces nouvelles informations qui ont été dévoilées après que l’analyse du dossier a été terminée.

Dans une lettre transmise au préfet de la MRC, le 16 septembre, le MAMH conclut « que certains éléments de ce projet ne sont pas conformes aux orientations gouvernementales en matière d’aménagement du territoire relatives à la planification des transports ». Selon le Ministère, « les changements d’affectation » et « l’ajout de projets résidentiels d’envergure » pourraient « aggraver les problématiques de circulation déjà existantes ».

Les autorités gouvernementales signalent aussi qu’« aucune disposition n’est proposée pour favoriser une forme urbaine limitant les distances de déplacement ou favorisant la mobilité active ».

Si la Ville et la MRC souhaitent toujours aller de l’avant avec ce projet de règlement, le MAMH recommande de « tenir compte des effets de l’augmentation des déplacements sur la capacité du réseau supérieur et des problèmes pouvant être générés ». Il est notamment suggéré de « favoriser la réduction globale de l’usage de l’automobile et des distances parcourues ».

Un premier projet refusé par la Ville

Rappelons que la Ville a refusé un projet de lotissement soumis par les nouveaux propriétaires du golf. La municipalité dit souhaiter conserver au moins 50 % du golf pour en faire un parc.

Un regroupement de citoyens, Rosemère Vert, demande à la Ville qu’au moins 88,5 % du golf soit transformé en parc.

Rosemère n’a pas voulu se prononcer sur le dossier puisque l’avis a été transmis à la MRC, et non à la municipalité. La MRC Thérèse-de-Blainville a indiqué qu’elle ne ferait aucun commentaire.

Alors que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) peine à atteindre ses objectifs de protection des milieux naturels sur son territoire, le chercheur Jérôme Dupras estime que les terrains de golf « constituent de très belles opportunités pour intervenir dans le but de protéger ou de restaurer des superficies qui sont déjà végétalisées ».

« C’est évidemment une évaluation qui doit être faite au cas par cas », précise M. Dupras. Tous les terrains de golf qui abandonnent leur vocation première ne sont pas automatiquement des candidats à des mesures de protection, mais considérant leur superficie à l’échelle de la CMM, c’est une option qui ne peut être écartée d’emblée, ajoute le professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais.

Rectificatif : Une version précédente de ce texte mentionnait que le regroupement de citoyens Rosemère Vert demande que 100 % du golf soit transformé en parc. Or, la proportion demandée est plutôt d’au moins 88,5 %.

1,5 %

Les terrains de golf représentent 1,5 % de la superficie totale de la CMM, selon un rapport datant de 2016.

25

Nombre de terrains de golf qui ont cessé leurs activités entre 2005 et 2015 au Québec.

Source : CMM