La crise du logement dépasse les frontières de Montréal. Il est difficile et coûteux pour les familles de trouver un logement adéquat même en banlieue. Parlez-en à Ismail Lahmoun et à sa famille, qui risquent de se retrouver sans option dans deux semaines s’ils ne trouvent pas une nouvelle résidence.

« Si demain matin, je trouve un quatre et demi propre à 1300 $, je saute de joie. J’emballe mes affaires et je pars », assure Ismail Lahmoun. Il cherche depuis six mois un endroit où vivre avec sa femme et leurs trois enfants.

Depuis deux ans, M. Lahmoun habite un modeste logis situé au-dessus d’une boutique de liquidation sur le chemin de Chambly, à Saint-Hubert.

C’est dans cet endroit sombre et peu meublé aux pièces remplies de jouets pour enfants qu’il accueille La Presse. D’un geste vif, il tire les rideaux de dentelle jaunie et ouvre la porte du four. « Je garde le four allumé pour faire un peu de chaleur dans la cuisine, le soir. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Le bâtiment est en attente de démolition. Il a été acheté par une entreprise qui rénovera le tout pour en faire une résidence pour personnes âgées.

L’acheteur a accordé trois mois sans loyer, à condition de quitter l’appartement d’ici le 30 septembre. Le chauffage a été coupé depuis. Mais Ismail Lahmoun est toujours là.

M. Lahmoun, sa femme et leurs trois enfants, âgés de 6, 11 et 14 ans, voudraient bien partir. Mais ils ne parviennent pas à se reloger. Les recherches entamées en avril dernier s’avèrent infructueuses.

Ils ne sont pourtant pas difficiles ni sans le sou, poursuit M. Lahmoun. Ce dernier est concierge au centre de services scolaire Marie-Victorin et sa femme travaille dans une garderie. Ils ne cherchent pas à vivre dans un secteur branché, ni même près d’un parc.

Leur budget ? « On irait jusqu’à 1300 $. Mais je cherche, je cherche. Je ne vois rien que des 1500 $, 1700 $, 1800 $ », laisse-t-il tomber, l’air épuisé.

Pas question de quitter la Rive-Sud. « On est ici depuis 14 ans. Les enfants ont leurs amis, leur école. On a des emplois stables, ma femme et moi. »

« J’ai l’impression que, quand les proprios apprennent qu’on a trois enfants, ça les refroidit. Je leur dis qu’on est une famille de cinq, et après, plus de réponse. Je ne sais pas pourquoi ! »

« Maintenant, c’est urgent »

L’homme dans la quarantaine a joint plusieurs organismes pour l’aider dans sa recherche. Ils le redirigent vers des annonces sur Kijiji. Un bon début. Mais il se sent piégé dans un tourbillon bureaucratique alors que la date butoir approche. « J’ai appelé mon député, on me dit de téléphoner au 211, qui me renvoie ailleurs. Maintenant, c’est urgent. Je ne veux pas qu’on se retrouve à la rue. »

À la fin du mois d’octobre, la famille Lahmoun devra quitter son logis pour de bon. L’immeuble sera démoli. Puis les travaux pour bâtir les nouveaux logements débuteront.

« Je n’ai pas de plan B. Je ne sais pas où on va aller si on ne trouve rien. »