Une chaleur accablante continue de s’abattre sur le Québec, au grand dam des producteurs de laitue, qui encaissent des pertes de légumes, et des restaurateurs, qui ferment leurs portes en raison de la température extrême. Le mois d’août pourrait s’avérer le plus chaud de l’histoire.

La canicule s’est progressivement installée au Québec depuis mercredi de la semaine dernière. Encore mardi, « on continu[ait] quand même à battre localement quelques records [quotidiens] », souligne Simon Legault, météorologue chez Environnement Canada.

Il est trop tôt pour affirmer sans l’ombre d’un doute que le mois d’août 2021 sera le plus chaud jamais enregistré dans la province. Toutefois, « beaucoup d’endroits au Québec sont dans la course pour battre le record mensuel du mois d’août le plus chaud », dont Montréal, Gaspé, Québec et Val-d’Or, précise le météorologue.

Déjà, plusieurs records de chaleur quotidiens ont été dépassés dans différentes régions du Québec. Le 21 août a été la journée la plus chaude de la canicule à Montréal, avec 34 °C, et une température ressentie de 42.

Pour cette journée, Urgences-santé indique avoir reçu 14 appels liés à la chaleur. La moyenne de ces appels pour la dernière semaine s’élève à quatre, alors qu’elle se situe autour d’un pour le reste de l’été. « Cette année il y a eu une augmentation, mais ça a été gérable », précise le porte-parole Benoit Garneau.

Le record de chaleur recensé lors d’un mois d’août dans la métropole remonte à août 1975, avec 37,6 °C.

De nombreux facteurs expliquent cette canicule prolongée, explique Philippe Gachon, professeur au département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Des recherches laissent entrevoir un « blocage » atmosphérique. « C’est-à-dire que des systèmes restent bloqués des jours et des jours, et il n’y a pas d’alternance de type de temps, de sorte qu’une canicule se prolonge », explique M. Gachon.

De surcroît, très peu de pluie a été rapportée au mois d’août. L’absence de précipitations contribue à la chaleur ambiante, car le processus d’évaporation de l’eau permet habituellement de refroidir la température à la surface de la Terre, souligne le professeur.

Pour Philippe Gachon, il est évident que les changements climatiques ont un impact sur de telles canicules prolongées.

Temps durs pour les maraîchers

Les producteurs de laitue souffrent de la chaleur qui s’éternise dans la province. « Il y a des producteurs qui sont à 60 % de pertes cette semaine. C’est majeur », évoque Éric Van Winden, producteur maraîcher chez Delfland, et premier vice-président de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (AMQ).

« Beaucoup de producteurs ont perdu des champs de laitues, surtout des romaines, parce qu’il y a trop d’évaporation, et les racines n’arrivent pas à transporter suffisamment d’eau au bout des feuilles », explique M. Van Winden. Les marges des feuilles de laitue brunissent et sont donc asséchées.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

« Il y a des producteurs qui sont à 60 % de pertes cette semaine. C’est majeur », évoque Éric Van Winden, producteur maraîcher chez Delfland, et premier vice-président de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (AMQ).

À cela s’ajoute le fait que les cœurs de laitue poussent de manière accélérée lors des épisodes de chaleur. L’espace entre chaque feuille s’agrandit. Ainsi, le légume ne peut plus être vendu et consommé.

Les nuits chaudes créent de l’effet de serre entre les feuilles de laitue. Les légumes ne peuvent se refroidir, entraînant des irrégularités, renchérit le producteur maraîcher.

La chaleur monte en cuisine

Les restaurateurs de Montréal ont eux aussi subi les répercussions de la canicule, si bien que certains ont pris la décision de fermer leurs portes pour ménager leurs employés.

C’est le cas du restaurant Mitch Deli, qui a choisi d’ouvrir exceptionnellement à 14 h samedi, plutôt qu’à 11 h 30. L’établissement possède un climatiseur, mais celui-ci ne parvient pas à contrecarrer la chaleur dégagée par les appareils de cuisine.

Une décision, qui n’est pas sans conséquence. « Il y a beaucoup de monde qui s’est cogné le nez à la porte, même si on l’a [annoncé] sur nos réseaux sociaux », évoque le propriétaire, Maxime Gagné. « On a perdu quand même beaucoup de ventes. »

Avec Florence Morin-Martel, La Presse