Une erreur de pilotage est à l’origine de l’écrasement d’un petit avion monomoteur dans lequel un pilote expérimenté de 51 ans a trouvé la mort, le 3 mars dernier, sur le lac Barron, dans les Laurentides.

Selon un rapport d’enquête du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST), rendu public mardi, le petit avion est parti en vrille, peu après le décollage, après avoir amorcé un virage sur la gauche, alors qu’il n’avait pas encore atteint une vitesse suffisante pour prévenir un décrochage. La montée initiale de l’avion aurait été ralentie par le réglage des volets, sur les ailes, déployés au maximum durant le décollage. 

Ni la météo ni l’avion

Le matin du 3 mars 2021, des vents faibles et variables soufflent sur la petite municipalité de Gore. Les conditions météorologiques sont propices pour le vol à vue prévu ce jour-là. Elles ne joueront aucun rôle dans le drame qui suivra.

Vers 8 h, François Côté monte dans un Wag-A-Bond, petit avion de construction amateur. Il doit aller rejoindre le copropriétaire de l’avion à l’aéroport de Lachute, à partir duquel d’autres vols sont prévus dans la journée.

Construit en 2011, le petit avion blanc et vert a obtenu son certificat de navigabilité de Transports Canada dès 2012 et il a déjà passé plus de 200 heures en vol. Selon le BST, l’avion « ne présentait aucune anomalie connue avant ce vol ».

Le pilote, enfin, n’est pas amateur. François Côté est un pilote professionnel détenant une licence et formé pour faire voler plusieurs types d’avions, cumulant presque 1000 heures de vol, dont au moins 10 aux commandes du Wag-A-Bond.

Au décollage de la surface gelée du lac, vers 8 h 17, le pilote a réglé les volets, sur ses ailes, à 40 degrés, le « réglage maximum » qui vise à augmenter la portance de l’appareil au sol à basse vitesse. « Ce réglage est utilisé pour faciliter le décollage sur la neige », précise le BST.

Trop lent, trop bas

L’avion monte à une quinzaine de mètres de hauteur (50 pieds) à peine, avec ses volets toujours réglés au maximum, lorsque le pilote amorce un virage sur sa gauche qui est prévu dans une entente avec les riverains, afin de réduire les inconvénients du bruit.

À ce moment précis, explique le rapport, « la traînée plus élevée en raison des volets réglés au maximum limite la vitesse de l’avion dans sa montée. Le couple du moteur à pleine puissance induit un roulis vers la gauche ; le souffle de l’hélice sur le stabilisateur et la gouverne de direction induit un lacet vers la gauche ».

Au moment où le pilote amorce son virage, à trop basse vitesse, « il est probable que l’aéronef a décroché et est entré dans une autorotation de mise en vrille », une façon compliquée de dire qu’il s’est mis à tourner sur lui-même. À seulement 15 mètres du sol, le pilote n’a pas eu le temps de stopper la rotation de l’appareil, qui s’est écrasé à la verticale sur la surface glacée du lac Barron.

« Lors des manœuvres à basse vitesse, conclut le BST, surtout lors de la montée initiale après le décollage, les pilotes doivent surveiller tout signe de décrochage imminent et user de précaution en manipulant les commandes de vol, afin d’éviter un décrochage, une autorotation de mise en vrille et potentiellement un impact avec le sol. »