La mort de Jean René Junior Olivier, un homme noir abattu par des patrouilleurs dimanche à Repentigny, illustre qu’il est urgent de mettre en place des « changements systémiques » dans les interventions policières pour « éviter de telles tragédies », a plaidé mardi la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ).

Sans se prononcer sur les faits « étant donné qu’une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) est en cours », la Commission a souligné « que des mesures systémiques sont requises pour contrer le profilage racial et réviser la façon d’intervenir dans des situations de détresse psychologique ou auprès de personnes ayant un problème de santé mentale ».

L’organisme réitère que les villes devraient s’inspirer « d’initiatives de partenariat réussies entre la police, le réseau de la santé et le milieu communautaire, afin de constituer des alternatives au recours inapproprié à la force », en privilégiant « la communication et la désescalade des conflits ».

La Commission recommande que les gouvernements et les municipalités « financent adéquatement les services de santé, sociaux et communautaires de proximité nécessaires en vue d’abandonner les approches fondées sur la gestion pénale des problèmes sociaux ».

« Ces mesures visent à rétablir la confiance des communautés noires, des peuples autochtones et des minorités racisées envers les services de police », insiste l’organisme, qui a enquêté sur 86 dossiers de profilage racial au Québec en 2020-21, « un nombre qui a presque doublé dans les deux dernières années ».

Une « tragédie évitable »

Plus tôt, mardi, le député solidaire de Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla, a exigé des comptes du gouvernement. « La ministre de la Sécurité publique, Mme Geneviève Guilbault, doit se pencher sérieusement sur cette tragédie évitable qui soulève tout autant l’enjeu de la militarisation des corps policiers, les questions de racisme systémique et les limites évidentes des interventions policières auprès des personnes en détresse », a-t-il dit.

« Monsieur Olivier a-t-il été tué parce qu’il est noir ? C’est la question que posent ouvertement sa famille et ses amis aujourd’hui. On doit se pencher sérieusement sur ce qui ne tourne pas rond dans les corps de police. Le racisme systémique est bien réel », a aussi fustigé l’élu.

Sur la scène fédérale, le député néodémocrate de Rosemont, Alexandre Boulerice, a parlé d’une « nouvelle preuve de l’existence du racisme systémique ». « On doit réformer en profondeur nos corps policiers et s’assurer que les ressources en santé mentale soient disponibles pour les gens qui en ont besoin. Le projet pilote de la police de Longueuil devrait faire école », a-t-il estimé, en soulignant que « le gouvernement fédéral peut et doit agir, notamment en augmentant les transferts en santé aux provinces ».

Les policiers ont été avisés vers 7 h 30 qu’une « personne confuse et désorganisée armée d’un couteau » se trouvait à l’angle des rues Cousineau et de Niagara, un coin résidentiel tranquille de Repentigny. Selon le BEI, qui mène toujours une enquête, les policiers auraient tenté « de verbaliser avec le sujet qui aurait pris la fuite à pied » et se serait montré menaçant » envers eux. Après ne pas avoir réussi à maîtriser l’homme avec du poivre de Cayenne, les policiers auraient alors « tiré plusieurs coups de feu en direction de l’homme et l’ont atteint mortellement ».

Lundi, des membres de la famille de Jean René Junior Olivier ont demandé « justice » pour le défunt, en présence d’amis et d’organismes. Un rassemblement en soutien à la famille de Jean René Junior Olivier doit avoir lieu mercredi soir, devant l’hôtel de ville de Repentigny.