Dans la course à l’électrification des transports, le Canada se trouve derrière plusieurs pays d’Europe. Pour atteindre son objectif d’éliminer la vente de véhicules légers neufs à essence au pays d’ici 2035, le gouvernement fédéral est « en mode rattrapage », a assuré mercredi le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault.

Pour ce faire, la mise en place de règlements régissant le parc automobile est primordiale, selon le ministre.

« Nous allons aller de l’avant avec une réglementation sur l’utilisation des véhicules électriques, parce que ça fonctionne », a déclaré M. Guilbeault, en mentionnant la Norvège comme exemple. Le pays scandinave souhaite bannir les automobiles à émission dès 2025.

« On est en mode rattrapage », a lancé le ministre en conférence de presse à Laval.

Selon les plus récentes données de Statistique Canada, ce sont près de 90 % des voitures neuves immatriculées en 2020 qui fonctionnent à l’essence. Environ 3 % sont entièrement électriques. Il est à noter que les véhicules hybrides seront aussi exclus du parc automobile en 2035 pour atteindre l’objectif du fédéral.

« [Le secteur des transports] représente environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre au Canada, et les trois quarts sont attribuables à deux sources seulement : les véhicules de promenade et les véhicules lourds », a expliqué Steven Guilbeault.

Se pencher sur le parc automobile actuel

Pour Catherine Morency, titulaire de la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal, il faut revoir le parc automobile actuel avant de procéder à son électrification. « Je pense qu’on va rater la cible si on ne s’attaque pas en même temps à la réduction du nombre de véhicules », a-t-elle affirmé.

Elle estime qu’il faut aussi s’attarder au nombre croissant de VUS sur les routes, et à la possession individuelle de voiture. « Je serais inquiète qu’on dépende encore d’une autre technologie », a indiqué Mme Morency.

Malgré tout, la transition vers les voitures électriques s’impose assurément, selon elle. « Il y a une hiérarchie de solutions à mettre en place », a-t-elle nuancé. La marche ou le vélo seraient à privilégier, puis le réseau de transports en commun. Enfin, les véhicules restants pourraient être électrifiés.

Le président de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ), Simon-Pierre Rioux, croit pour sa part qu’il s’agit d’un objectif réaliste, au moment où d’autres pays ont emboîté le pas. « On estime déjà que le coût du véhicule électrique va en arriver à parité avec le véhicule à essence à partir de 2025, jusqu’en 2027 », ajoute-t-il.

Le fédéral dit garder le cap sur l’atteinte de la carboneutralité du pays en 2050, ainsi que sur la réduction de 40 % à 45 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030.

215 bornes électriques supplémentaires

Les conducteurs de voitures électriques pourront bénéficier d’un total de 215 bornes de recharge rapide supplémentaires au Québec d’ici décembre 2022.

Steven Guilbeault, qui possède lui-même une voiture électrique, et la députée de Châteauguay–Lacolle, Brenda Shanahan, en ont fait l’annonce mercredi.

Une somme de près de 9,5 millions de dollars sera accordée à Hydro-Québec afin de mettre en place ces nouvelles bornes. La société d’État a aussi investi 10 706 000 $ dans le projet.

Ressources naturelles Canada promet que ces installations seront toutes fonctionnelles d’ici le 31 décembre 2022. Déjà, 65 % de ces 215 bornes de recharge rapide peuvent être utilisées.

Steven Guilbeault a annoncé qu’Hydro-Québec recevrait 1 264 000 $ pour « aplanir les obstacles à l’adoption de véhicules électriques ». Des évaluations de nouvelles technologies de bornes de recharge seront ainsi effectuées.

Cet investissement dans les récentes technologies est primordial pour suivre l’évolution des voitures électriques, selon Simon-Pierre Rioux. « Les bornes de recharge rapide qui sont en fonction au Québec sont des bornes de 400 volts », a-t-il expliqué.

Cependant, de nouvelles voitures qui auront la capacité de se recharger avec des bornes de 800 volts, et donc plus rapidement, arriveront sur le marché de l’automobile l’an prochain. Il faudra répondre à ce besoin, a souligné M. Rioux.