(Kelowna) « J’aime vraiment ça, faire les feux. J’aime ça les attaquer, j’aime ça, être près d’eux. »
Laurence Bachand a développé « une passion » pour la lutte contre les incendies de forêt.
La jeune femme de 30 ans, originaire de Sutton, en Estrie, est « superviseure d’équipes d’attaque initiale » au sein du BC Wildfire Service, le service de lutte contre les incendies de forêt de la Colombie-Britannique.
Ces équipes sont les premières dépêchées au front quand un incendie est signalé, notamment par le public.
On y va soit en hélicoptère, soit en camionnette. Si c’est un petit incendie, on l’éteint. Si c’est trop gros, on évalue les besoins. Est-ce qu’il faut du personnel, de l’équipement, des bulldozers, des pelles mécaniques ?
Laurence Bachand, pompière forestière
Les équipes d’attaque initiale doivent être polyvalentes et savoir manier tant les pompes et les lances d’incendie que la scie mécanique ou le Pulaski, un outil combinant une hache et une pioche.
« On creuse pas mal », pour contrer la propagation du feu par les racines, explique-t-elle.
Quand les brasiers ne sont pas accessibles par la route, les équipes se font déposer au sol par hélicoptère, mais dans un cas comme dans l’autre, il faut marcher beaucoup.
« Tu fais des 15 km avec l’équipement, explique Laurence Bachand. C’est physique, tu montes des côtes, tu as plein d’affaires sur le dos, tu te demandes pourquoi tu fais ça ! »
Les journées sont longues : 16 heures, parfois 24 « quand ça brasse », puis huit heures de repos avant de recommencer.
Et pas toujours à la clarté du jour.
« La nuit, des fois, ça nous donne une chance de vraiment progresser », dit-elle.
Après 14 jours de travail, une période de repos est obligatoire, et saine.
« Quand les gens deviennent super fatigués, c’est dangereux », explique la jeune femme.
Peu de femmes dans les rangs
La lutte contre les incendies est un milieu résolument masculin, mais le BC Wildfire Service compte quelques femmes dans ses rangs, observe Laurence Bachand.
« Ce n’est pas que tu sois un gars ou une fille qui compte [pour combattre un incendie], c’est que tu sois capable de le faire physiquement », dit-elle.
Si elle se rappelle avoir parfois essuyé quelques commentaires de la part de « gars qui font ça depuis 50 ou 60 ans », elle souligne que ce n’est pas le cas avec la majorité des effectifs.
« Je travaille beaucoup avec des jeunes de 20 ans. Pour eux, ça n’a jamais été un enjeu », dit-elle.
On a tous nos qualités et on apporte des choses différentes à l’équipe.
Laurence Bachand, pompière forestière
Elle, par exemple, excelle à la scie mécanique.
« À notre base, on n’a pas beaucoup de gars ou de filles capables de faire tomber les arbres, de les bûcher. Souvent, c’est moi qui fais ça », raconte-t-elle, notant avec amusement qu’elle n’avait « jamais vraiment touché à une chainsaw » avant d’arriver en Colombie-Britannique.
Danger contrôlé
La « passion » de Laurence Bachand pour le combat contre le feu inquiète un peu ses parents, mais le danger est très contrôlé, fait-elle valoir.
« L’organisation est basée vraiment sur la sécurité du pompier, dit-elle. Quand ça brasse trop, on sort et on réévalue le plan. »
Malgré tout, elle reconnaît qu’il lui est déjà arrivé d’avoir la frousse.
Il y a des moments où tu te dis : “Oh ! C’était proche, ça !”
Laurence Bachand, pompière forestière
La force de « Dame nature » fascine Laurence Bachand et alimente son intérêt pour son travail.
« Elle est impressionnante et elle est un peu folle, des fois, lance la jeune femme. Elle nous envoie des balles courbes. »
Une vocation découverte par « hasard »
C’est « un peu par hasard » que Laurence Bachand en est arrivée à combattre les incendies de forêt à l’autre bout du pays.
« Je suis partie du Québec à 17 ans. Je suis venue faire du ski en Colombie-Britannique et je ne suis pas repartie », raconte-t-elle, ajoutant qu’elle fait toujours de la patrouille et de la prévention d’avalanches, en hiver.
Bon nombre de ses amis dans le domaine du ski luttaient contre les incendies, l’été venu.
Elle a tenté l’expérience il y a sept ans et n’a jamais cessé depuis.
C’est pas mal ma carrière.
Laurence Bachand, pompière forestière
Laurence envisage « encore quatre ou cinq ans » sur le terrain, avant de peut-être opter pour un poste différent dans l’organisation.
Elle aimerait notamment donner des formations, faire partager ses connaissances, faire de la prévention.
D’ici là, elle continuera de combattre les flammes, chez elle et ailleurs.
L’an passé, elle faisait partie des effectifs déployés par le BC Wilfire Service en Californie, où de graves incendies de forêt faisaient rage.
Elle n’a cependant encore jamais été dépêchée dans sa province natale.
« Ce serait une belle expérience d’aller au Québec, dit-elle. Il y a quand même un attachement. »