Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a plaidé samedi pour une réduction « progressive » du glyphosate « de l’assiette et des champs au Québec ». Il souhaite éventuellement le remplacer par un produit « plus inoffensif » que la science aura déterminé, au terme d’une recherche qui serait financée par Ottawa.

« Donnons aux agriculteurs du temps en réduisant progressivement à même les délais d’une recherche qui doit être significativement financée », a expliqué l’élu fédéral, qui était de passage à Longueuil dans le cadre d’une tournée régionale.

Sa proposition n’est pas nouvelle : en 2019, le Bloc québécois suggérait dans sa plateforme électorale d’investir 300 millions de dollars pour financer une recherche qui permettrait de remplacer le glyphosate. « Il faut nous assurer de sortir ce produit-là de l’assiette des Québécois, et non pas de l’accueillir plus généreusement comme le gouvernement de Justin Trudeau souhaite le faire », a jugé M. Blanchet.

Il réagissait ainsi à la proposition de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada d’augmenter la limite maximale de résidus (LMR) de glyphosate permise pour deux catégories de denrées : les « haricots » (y compris pois chiches, lupins et doliques) et les « pois » (dont les lentilles sèches et les pois des champs). Le seuil de tolérance passerait de 4 à 15 parties par million (ppm) pour les haricots, de 5 à 10 ppm pour les pois et de 4 à 10 ppm pour les lentilles.

La nouvelle, d’abord révélée par Radio-Canada, a suscité son lot de controverse cette semaine, surtout après qu’il ait été démontré que l’ARLA a proposé ces limites supérieures après avoir reçu une demande de la multinationale Bayer propriétaire de Monsanto, à l’origine du Roundup, la marque la plus connue de glyphosate.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La marque la plus connue de glyphosate est le Roundup.

« Le gouvernement, qui est extrêmement perméable à toutes les espèces de lobbys, a accédé à une demande d’une multinationale dont une des filiales a eu des comportements extrêmement durs en matière de propriété intellectuelle », a fustigé le chef bloquiste. Selon lui, la plupart des agriculteurs cherchent déjà « à utiliser le glyphosate sur une moins longue période, sur moins de culture et à différents moments entrecoupés dans l’année pour minimiser leur usage et leur consommation de ce produit, parce qu’ils sont parfaitement conscients des dangers que ça peut porter ».

M. Blanchet a aussi rappelé que les municipalités peuvent aussi « carrément interdire l’usage de Roundup et de glyphosate », comme l’a fait la ville de Laval il y a quelques mois déjà.

L’ARLA, elle, affirme qu’aux limites proposées, les résidus « ne poseront pas de risques inacceptables pour aucune sous-population ». Pour en arriver à cette conclusion, l’agence a entré les taux de résidus qu’on lui a soumis dans un outil de calcul de l’Organisation de coopération et de développement économiques, puis analysé les LMR ainsi obtenues.

Avec Ariane Krol, La Presse