(Betsiamites) Le Conseil des Innus de Pessamit, sur la Côte-Nord, reproche au gouvernement du Québec et à Hydro-Québec de vouloir procéder au rehaussement du réservoir Manicouagan sans tenir compte des préoccupations des Autochtones et sans leur proposer d’accommodements.

Des locataires de terrains situés dans le secteur visé par le rehaussement auraient été récemment informés de la révocation à venir de leurs baux de villégiature afin que les travaux puissent être réalisés. Les Innus disent qu’ils n’ont pas été mis au courant de telles démarches.

Le Conseil des Innus de Pessamit rappelle qu’en décembre dernier, une ordonnance de la Cour supérieure permettait à Hydro-Québec de rehausser le réservoir Manicouagan, mais à la condition d’avoir obtenu les autorisations au terme d’un processus de consultation et d’accommodement auprès des Innus, d’une part, mais aussi suite à des examens d’instances provinciales et fédérales.

La Première Nation, qui dit s’être impliquée de bonne foi dans le processus de consultation, dénonce qu’Hydro-Québec n’en ait pas attendu les résultats préliminaires et ait décidé de procéder au rehaussement sans avertir les Innus.

Le chef du Conseil des Innus de Pessamit, Jean-Marie Vollant, considère que les Innus sont traités comme un peuple de second ordre et que la nation subit une expropriation illégale de ses terres ancestrales sur lesquelles ses droits reconnus sont continuellement bafoués.

Le chef Vollant dit avoir transmis le 14 juillet dernier une lettre à présidente d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, ainsi qu’aux ministres Benoit Charrette, de l’Environnement, et Jonathan Julien, de l’Énergie et des Ressources naturelles, dans laquelle il est écrit que les procédures de rehaussement devaient cesser, à défaut de quoi des procédures judiciaires seraient entreprises.

Jean-Marie Vollant a aussi invité ses vis-à-vis à tenir des discussions. Une semaine plus tard, ni la présidente d’Hydro-Québec ni les deux ministres ne lui ont manifesté d’intention de participer à une telle rencontre, selon lui.

Dans une déclaration transmise par courriel, un porte-parole d’Hydro-Québec affirme que « nous n’avons jamais refusé de rencontres avec Pessamit. Bien au contraire, nous avons sollicité à plusieurs reprises et continuons de solliciter les commentaires ou préoccupations de Pessamit à l’égard de l’exploitation du réservoir Manicouagan ».

Ce porte-parole ajoute que « Sophie Brochu est ouverte à rencontrer la communauté de Pessamit si celle-ci en exprime le souhait. Une réponse à la lettre du chef Vollant du 14 juillet a été envoyée le lendemain, soit le 15 juillet, signée par Julie Boucher, vice-présidente, invitant le chef à nous transmettre ses commentaires et préoccupations ».

Hydro-Québec affirme de plus qu’elle se conforme au jugement rendu en décembre par la Cour supérieure, qui ordonne notamment à la société d’État de ne pas exploiter le réservoir Manicouagan au-delà de la cote 355,95 mètres sans obtenir au préalable des autorisations gouvernementales à cette fin.

« Actuellement, le niveau du réservoir est à 352 mètres », précise ce porte-parole.