Des chercheurs ont mis au point un système d’alerte pour signaler les vagues de chaleur extrême à la Santé publique. L’objectif de ce logiciel est de prévenir les hospitalisations et les morts liées à la température.

Le Québec utilise un système de vigie du 15 mai au 30 septembre, depuis 2010. Le nouveau système d’alerte va plutôt étendre ses calculs du début du mois d’avril jusqu’à la fin du mois d’octobre pour mieux s’ajuster aux épisodes de chaleur plus fréquents et plus intenses. Il est développé par une équipe de chercheurs de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Les températures qui seront utilisées pour le déclenchement des alertes vont varier d’un mois à l’autre ; la version actuelle utilise plutôt une température fixe de mai à septembre. Au mois de mai, le système déclenchera donc une alerte lorsque les températures varieront entre 12 °C et 23 °C. Au mois de juillet, les seuils de température minimale et maximale sont établis entre 21 °C et 32 °C.

« Une température de 23 °C, ça peut sembler surprenant. Plusieurs personnes ont l’impression qu’il s’agit d’une température agréable. Le problème avec 23 °C, c’est lorsqu’on n’est pas préparé », souligne Fateh Chebana, de l’INRS, qui a d’ailleurs participé à l’élaboration du système de vigie créé en 2010.

« Les personnes en bonne santé et les jeunes ne ressentiront pas nécessairement de la chaleur à 23 °C. Mais pour d’autres personnes, malades ou âgées, leur corps n’est pas nécessairement préparé à ressentir 23 °C au mois d’avril. Pour eux, ça peut être problématique », précise le professeur.

Le 9 avril dernier, par exemple, la température a frôlé les 25 °C à Montréal alors que la moyenne est de 12 °C.

Réduire la pression sur les urgences

Le système d’alerte utilise les prévisions météo d’Environnement Canada et il les croise avec les données de santé fournies par l’INSPQ. Il envoie une alerte deux ou trois jours avant l’arrivée d’une vague de chaleur qui risque d’avoir des conséquences comme des morts.

En cas d’alerte, la Santé publique peut décider d’aviser les hôpitaux pour qu’ils se préparent à l’arrivée de patients aux urgences et aux soins intensifs. Elle peut alerter les villes pour que celles-ci élargissent les heures d’ouverture des piscines municipales et des lieux climatisés comme les bibliothèques.

Si nécessaire, la Santé publique peut recommander à la population de boire plus d’eau, de limiter les activités physiques à l’extérieur et de rechercher les endroits climatisés, par exemple.

« Nous l’avons vu avec la COVID. Dans notre système de santé, il suffit d’avoir une dizaine de personnes de plus aux urgences ou aux soins intensifs et ça devient problématique. Ça met un stress sur le système », explique le professeur Chebana.

Le système d’alerte développé par l’INRS est encore dans une phase d’essai, pour la région de Montréal seulement. Les chercheurs ont d’ailleurs publié leurs résultats dans la revue scientifique BMC Public Health.

L’outil d’alerte devrait être mis en place dans les prochains mois et il s’étendra au reste de la province.