(Ottawa) Justin Trudeau a déclaré mardi que son gouvernement était « extrêmement préoccupé » par les récents reportages selon lesquels des organisations caritatives musulmanes seraient injustement ciblées par le fisc pour des audits – et des sanctions.

Le premier ministre a déclaré en conférence de presse qu’il était inacceptable de cibler une communauté en particulier et que son gouvernement examinait « de très près nos processus ».

« Nous avons un travail important à faire pour nous assurer que les organisations caritatives respectent toutes les règles », a déclaré M. Trudeau. « Mais reconnaître que le racisme systémique existe dans toutes nos institutions, dans tous nos gouvernements et toutes nos organisations, cela signifie d’écouter les communautés qui signalent les obstacles ou la discrimination auxquels elles sont confrontées, et de s’engager à travailler avec elles pour résoudre ces défis », a-t-il ajouté.

Une centaine d’organisations musulmanes et groupes de la société civile ont écrit à M. Trudeau cette semaine pour demander notamment aux libéraux d’annoncer, lors du sommet national sur l’islamophobie, jeudi, des changements aux pratiques de l’Agence du revenu du Canada (ARC).

Ils veulent également que le gouvernement annule la récente décision de l’agence de suspendre, à la suite d’un audit, la possibilité pour la vieille association caritative « Human Concern International » de remettre des reçus pour fins d’impôt.

Les organisations citent notamment un rapport de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles (CSILC), qui concluait en juin que la Division de la revue et de l’examen de l’ARC travaillait avec les agences de sécurité nationale pour effectuer ses audits.

En réponse au rapport, l’ARC a déclaré qu’elle ne sélectionnait pas les organismes de bienfaisance pour un audit sur la base d’une religion ou d’une dénomination particulière.

Dans une lettre de suivi, cette semaine, un certain nombre d’organismes se sont joints à d’autres signataires pour souligner que les organisations caritatives dirigées par des musulmans expriment depuis des années des inquiétudes concernant la sélection, la fréquence et les critères derrière les audits de l’ARC.

Ils souhaitent que le gouvernement renvoie la question à une agence indépendante, l’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement. Cette agence, disent-ils, pourrait examiner le fonctionnement de la division de l’ARC, et en particulier sa sélection d’organisations caritatives musulmanes, afin de s’assurer que des organismes ne sont pas ciblés en raison de préjugés raciaux ou religieux.

« Cibler des organisations caritatives musulmanes sur la base de soupçons de financement du terrorisme, simplement à cause de la religion qu’ils défendent, est islamophobe et préjudiciable », indique la lettre.