Le 8 juin, le gouvernement a autorisé les bals de fin d’études à l’extérieur après le 8 juillet. Mais il était trop tard ! Un recensement effectué par La Presse montre en effet que ces bals tardifs sont rarissimes.

Il n’y a pas d’engouement pour ce rituel de fin d’études pourtant si populaire en temps normal.

La preuve : l’appel à tous, publié jeudi sur lapresse.ca, invitant les parents d’élèves de 5secondaire à communiquer avec La Presse pour lui permettre de témoigner des évènements organisés en plein air, a été un échec total : pas le moindre courriel reçu à la rédaction.

« Je ne suis pas surprise », a réagi Linda Blouin, enseignante de la polyvalente Saint-Exupéry, nouvellement retraitée, qui a mis sur pied l’organisme Fées marraines pour offrir aux jeunes filles de milieux défavorisés des robes et des accessoires de bal.

« Passés à autre chose »

« Malheureusement, je ne connais pas d’élèves qui organisent un bal ni même qui avaient l’intérêt d’en organiser un, a-t-elle ajouté. Notre école a plus de 450 finissants. Je n’ai rien entendu et nous n’avons reçu aucune demande d’aide non plus aux Fées marraines. Chez nous, les élèves n’ont plus d’intérêt, ils sont passés à autre chose. C’est triste, mais l’intérêt n’y est plus, selon ce que j’ai entendu. »

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE, ARCHIVES

Linda Blouin, enseignante nouvellement retraitée, fondatrice des Fées marraines

À la fin mai, Québec a d’abord interdit la tenue des bals des finissants du secondaire, pour la deuxième année de suite, avant de se raviser le 8 juin, pour les permettre à certaines conditions.

La date du 8 juillet a été retenue pour donner aux jeunes le temps de recevoir les deux doses du vaccin au moins deux semaines avant la tenue de leur bal.

Un nombre maximum de 250 participants a été autorisé à l’extérieur.

« Ce dont on a convenu avec la Santé publique, c’est qu’on fait un spécial, a précisé le premier ministre François Legault, en point de presse, le 31 mai. Les jeunes vont pouvoir danser ensemble et être à moins d’un mètre. »

Une volte-face qui, on s’en souvient, a été accueillie avec « stupéfaction et incrédulité » par les directions d’école qui se demandaient, à moins de trois semaines de la fin des classes, qui allaient bien pouvoir organiser et superviser ces bals.

Une formule traditionnelle infaisable en quatre semaines

L’Association montréalaise des directions d’établissement avait rappelé qu’un bal se prépare des mois à l’avance et exige une certaine surveillance.

Au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie (PSNM), école privée pour jeunes filles, les finissantes n’ont pas attendu le 8 juillet pour célébrer la fin de leurs études.

Nous n’avons pas fait de bal traditionnel. Nous avions tout planifié avant et respections les mesures. Donc, nous avons décidé de conserver la date du 22 juin.

Charlotte Leclair, membre du comité organisateur

L’évènement a eu lieu, dans le respect des consignes sanitaires d’alors, en bulle-classe, à l’école. Des repas froids, commandés à un traiteur et livrés dans des boîtes individuelles, ont été servis aux élèves.

« Notre thème était Gatsby, souligne Charlotte Leclair. Donc, nous avons fait affaire avec plusieurs fournisseurs pour décorer le corridor et les salles de classe. Nous avions des rideaux noirs couvrant les fenêtres, de l’éclairage, des sofas, des tables, etc., pour que les élèves aient une soirée se rapprochant le plus d’un bal normal. »

Dans cette école, les préparatifs ont commencé en janvier. « Il était important pour nous que les filles puissent boucler la boucle de leur secondaire. C’est pourquoi nous voulions faire l’effort de planifier quelque chose de spécial. »

À l’école secondaire que fréquentait Joël Ducasse, Samuel-De Champlain, à Québec, il n’y a pas eu de bal. Et tout indique qu’il n’y en aura pas.

« Malheureusement, notre école ne nous a pas permis de faire de bal cet été, malgré le fait qu’on l’ait demandé, explique Joël. Ils ont émis l’idée d’en faire un en automne, mais je ne crois pas qu’il va y en avoir un. »

À l’école secondaire Cap-Jeunesse, à Saint-Jérôme, « l’évènement des finissants » a eu lieu en bulle-classe le 23 juin, et aucun bal n’est prévu. « Il y avait un tapis rouge et des enseignants habillés en voituriers pour ouvrir les portes des voitures aux élèves », relate Fannie Constantin, technicienne en loisirs et membre du comité organisateur.

« Quand tu travailles dans l’évènementiel, tu ne peux pas organiser quelque chose en deux semaines, poursuit-elle. Nous, avec des membres du personnel, on travaille là-dessus depuis le mois de mars. Tout était déjà organisé quand le premier ministre a fait son annonce. Donc, on a maintenu l’organisation en place. Puis, le 8 juillet, le personnel est en vacances… »

Par contre, certaines écoles privées ont décidé de tenir un bal malgré tout. C’est le cas de l’Académie Sainte-Thérèse, sur la Rive-Nord, où un événement a lieu vendredi soir sous un chapiteau à l’Abbaye d’Oka. « On est chanceux, très privilégiés, dit la mère d’un finissant. Les professeurs et la direction sont tous présents. »