La communicatrice politique Marie Grégoire succède à Jean-Louis Roy à la tête de Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BAnQ), institution phare de la culture nationale.

La nomination de l’ex-députée de l’Action démocratique du Québec (ADQ) à titre de présidente-directrice générale de la société d’État a été entérinée par le Conseil des ministres, mercredi.

« BAnQ se réjouit que tout juste un mois après le départ de Jean-Louis Roy, une nouvelle PDG soit nommée : Marie Grégoire », a laconiquement commenté, sur Twitter, l’institution « vouée à l’enrichissement du savoir et de la culture de tous les Québécois ».

« Travailler avec l’équipe de BAnQ et tous les acteurs de la nation québécoise pour protéger et partager notre culture, notre savoir et notre histoire sera ma prochaine mission, a réagi Marie Grégoire dans les réseaux sociaux. Les défis abondent, mais avec le savoir-faire de du CA et du ministère, l’ambition est possible. »

La nouvelle patronne devra notamment accélérer le virage numérique amorcé par son prédécesseur tout en jugulant la menace d’importants déficits. Jean-Louis Roy, ancien journaliste et diplomate, occupait la présidence de la BAnQ depuis 2018. Il a annoncé à la fin du mois de mai qu’il quittait ses fonctions. Depuis, la secrétaire générale et directrice des affaires juridiques, Anne Milot, occupe la direction par intérim.

Le curriculum vitae de Marie Grégoire, âgée de 56 ans, a été retenu parmi une vingtaine de candidatures.

La ministre de la Culture, Nathalie Roy, a réagi à l’annonce par la voie de son attaché de presse, Louis-Julien Dufresne. « Nous saluons la nomination de Marie Grégoire à titre de présidente-directrice générale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, écrit-il dans un message transmis à La Presse. Nous sommes confiants que sous le leadership de Marie Grégoire, BAnQ sera prête à relever les nombreux défis auxquels doivent faire face les bibliothèques et les centres d’archives du 21e siècle. »

Craintes de nomination partisane

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses voix s’élevaient pour mettre en garde contre une nomination partisane. En juin, dans une lettre publiée dans Le Devoir, une quinzaine de professeurs de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal demandaient au gouvernement Legault de nommer un spécialiste des bibliothèques modernes, « à la hauteur de ses défis stratégiques et technologiques » et dans le respect des recommandations du conseil d’administration.

L’affichage du poste faisait mention de nécessaires « connaissances particulières dans le domaine de la bibliothéconomie, des sciences de l’information et de la gestion documentaire ». Or il indiquait « que seul un baccalauréat est exigé pour remplir ce rôle dans le mandat actuel », déploraient les signataires. « Dans n’importe quelle bibliothèque publique en Amérique du Nord, une maîtrise en sciences de l’information est requise, mais pour gérer et piloter Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ce ne serait pas nécessaire. »

Dans une lettre ouverte, la Fédération des milieux documentaires jugeait elle aussi que « les qualifications idéales pour occuper ce poste sont celles détenues par les bibliothécaires et les archivistes ».

Entrepreneure et auteure

Marie Grégoire a été députée de Berthier à l’Assemblée nationale sous la bannière de l’ADQ de 2002 à 2003. Elle a commenté la politique au Club des ex, sur les ondes de RDI, dès sa création, en 2007. Depuis 2017, elle est copropriétaire et éditrice du magazine Premières en affaires.

Auparavant, Mme Grégoire a été fondatrice et associée de TACT Intelligence-conseil, une entreprise spécialisée dans le domaine des communications, des affaires publiques et des relations gouvernementales.

Celle qu’on peut entendre cet été à l’animation de Ça prend un village à ICI Première, au côté de Vincent Graton, dirigera près de 700 employés répartis dans 12 édifices qui accueillent pas moins de 2 millions de visiteurs chaque année.

Mme Grégoire est la coauteure des essais Le cœur des Québécois : l’évolution du Québec de 1976 à aujourd’hui (Presse de l’Université Laval) et Robert Bourassa et nous : 45 regards sur l’homme et son héritage politique (Éditions de l’Homme).

Avec La Presse canadienne