Les festivités de la fête nationale ont majoritairement adopté un virage numérique pour la deuxième année d'affilée. Mais cela n’a pas empêché la frénésie estivale de s’emparer des Montréalais, qui ont profité de la Saint-Jean-Baptiste pour se réunir jeudi.

« Ce n’est pas quelque chose que je célèbre chaque année, mais je trouve que c’est important pour les Québécois de se retrouver ensemble, puis d’avoir une occasion de se rappeler leur identité de groupe », a lancé d’emblée Stéphanie Luna.

De la fumée s’échappait des barbecues, des sportifs faisaient de la planche à roulettes et plusieurs autres se prélassaient sur des serviettes de plage. Le parc Jarry, dans le secteur de Villeray, à Montréal, était très animé jeudi après-midi.

Sous le soleil tapant, Stéphanie Luna et Frédéric Garneau mangeaient sur l’herbe. Les deux milléniaux étaient mitigés quant au rôle de la fête nationale en 2021.

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Stéphanie Luna et Frédéric Garneau ont fait un pique-nique au parc Jarry, jeudi.

« Avec la COVID-19 […], on ne peut plus se rassembler, donc ça perd un peu de son sens », a souligné Frédéric. « Le sentiment identitaire, québécois, de vouloir avoir un pays, j’ai l’impression que notre génération est un peu moins dans ce [public cible] », a-t-il ajouté.

Un peu plus loin, Demetrios Liakopoulos et sa conjointe, Rica Fetizanan, étaient assis sur des chaises pliantes. Leurs deux filles couraient à la recherche de fleurs qui poussent dans le gazon.

La Saint-Jean-Baptiste rappelle à Rica son pays natal, les Philippines, où la fête est célébrée dans une optique religieuse. « Nous avons une grande célébration, il y a une parade dans l’océan », a expliqué la femme de 47 ans, un sourire aux lèvres.

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Demetrios Liakopoulos et Rica Fetizanan avec leurs deux filles au parc Jarry

Un groupe d’amis poursuivait une tradition longue de plusieurs années quelques mètres plus loin, en se rassemblant à l’occasion de la fête nationale. De la musique festive s’échappait d’une radio argentée, et un drapeau du Québec flottait au vent, accroché à un arbre.

« Moi, j’ai la fibre nationaliste », a lancé Simon Paquet, qui portait une casquette et des lunettes de soleil.

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Simon Paquette, avec sa radio, fournissait la musique à son groupe d’amis.

Son ami André Racette n’est pas aussi fervent. « J’aime le Québec, on est fiers d’être Québécois. Mais je pense que c’est le congé férié, de voir des amis qui passe avant tout », a-t-il évoqué.

Sur une serviette de plage, trois amies trinquaient, un verre de vin à la main. « C’est très important, la Saint-Jean. Je suis née ici. C’est rassembleur, en fait », a déclaré Judith Dorvil.

Pour Joanya Ernandes, la Saint-Jean-Baptiste a une signification différente. « Je suis une nouvelle arrivante, je viens de Cuba. Je suis ici depuis deux ans », a dit la femme, derrière de larges lunettes de soleil orangées. « Pour moi, ça me permet de rencontrer des amis », a-t-elle renchéri.

Au parc Saint-Laurent, dans l’arrondissement de Montréal-Nord, Ricardo Compres profitait de la journée clémente avec ses enfants, sa femme et sa sœur, tout en soulignant l’importance de la fête nationale pour lui.

On habite ici, on se sent Québécois.

Ricardo Compres, résidant montréalais

On a l’habitude de fêter la Saint-Jean. Depuis qu’on est ici, on entend parler de ça », a quant à elle déclaré sa sœur, Angélina Compres.

Joshua Alexander, 16 ans, a pour sa part profité du congé scolaire pour jouer au basket. « Pas vraiment », a-t-il répondu du tac au tac, quand on lui a demandé si la Saint-Jean-Baptiste avait de l’importance pour lui. Il a plutôt profité de cette journée en passant du temps avec sa mère, qui bénéficiait d’une journée de congé.

Rassemblement au parc Laurier

Batterie et guitare étaient au rendez-vous en début de soirée, jeudi, au parc Laurier, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Près de la fontaine située au centre du parc, un groupe de musique offrait un spectacle auquel près d’une cinquantaine de personnes assistaient.

Plusieurs drapeaux du Québec flottaient dans les airs, des gens s’étaient peint des fleurs de lys sur le visage, alors que d’autres portaient des vêtements bleus pour l’occasion.

La bonne humeur régnait au milieu des festivités. Pour Marilou Blain, 18 ans, souligner la fête nationale était primordial.

Je pense que le Québec a une histoire qui est importante, et qui est différente du reste du Canada. On s’est battu longtemps pour notre langue, pour notre culture.

Marilou Blain, résidante montréalaise

« On est une nation, puis c’est important de nous fêter », a ajouté Marilou, vêtue d’un chapeau bleu affichant une fleur de lys.

À quelques heures du match du Canadien contre les Golden Knights de Vegas, quelques chandails du Tricolore pouvaient être aperçus au parc, contribuant à l’ambiance festive des lieux.

Après quelques minutes, les musiciens ont cessé leur représentation, affirmant avoir reçu un avertissement de la police en raison du grand nombre de personnes sur place. À 20 h 20, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne rapportait toutefois aucun débordement majeur.