(Ottawa) Le Canada est prêt à partager ses archives sur les pensionnats pour Autochtones avec le gouvernement américain pour l’aider dans sa propre enquête récemment annoncée, a déclaré mercredi la ministre des Relations Couronne-Autochtones.

Carolyn Bennett a déclaré que le Centre national pour la vérité et la réconciliation collige depuis 2016 des données sur les lieux de sépulture des pensionnats pour Autochtones et des registres de cimetières, et que certaines de ses conclusions seraient utiles pour les États-Unis, s’ils le souhaitaient.

La secrétaire américaine de l’Intérieur, Deb Haaland, a annoncé mardi que Washington enquêtera sur son rôle dans les pensionnats et s’efforcera de découvrir la vérité sur les décès et les conséquences durables des politiques qui ont permis d’enlever des centaines de milliers d’enfants à leurs familles et communautés.

La secrétaire à l’Intérieur a déclaré que l’enquête aux États-Unis permettra de compiler et d’examiner les dossiers pour identifier les anciens pensionnats, localiser les lieux de sépulture connus et possibles autour de ces établissements, et d’identifier les élèves et leur nation d’origine.

Le ministre des Services aux Autochtones, Marc Miller, a déclaré que le Canada et les États-Unis partagent une histoire de pensionnats et d’internats où les enfants autochtones ont été maltraités.

Le ministre a soutenu qu’il s’agissait là d’une tache partagée sur les histoires des deux pays.

À certains égards, nous sommes en avance sur les États-Unis, dans la partie "vérité". Pour ce qui concerne la réconciliation, tout le monde a son propre avis.

Marc Miller, ministre des Services aux Autochtones

La découverte récente de ce que l’on croit être les restes de 215 enfants inhumés dans un lieu de sépulture non marqué près d’un pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, a amplifié l’intérêt pour cet héritage troublant au Canada, mais aussi aux États-Unis.

Mme Haaland, première Amérindienne à occuper un poste ministériel à la Maison-Blanche, a rencontré il y a deux semaines M. Miller et Mme Bennett pour discuter de plusieurs dossiers, notamment les pensionnats et la lutte contre la violence envers les femmes et les filles autochtones. « La secrétaire Haaland a été émue aux larmes lorsque nous l’avons rencontrée au sujet des évènements de Kamloops, a déclaré M. Miller. Je crois qu’elle agira avec beaucoup d’énergie là-dessus. »

La veille de sa rencontre avec les ministres canadiens, Mme Haaland a écrit un article d’opinion dans le Washington Post où elle admettait que la découverte de Kamloops la rendait « malade ». Mais elle ajoutait que de nombreux Américains ne savent peut-être pas que les États-Unis poursuivaient une politique similaire. Elle a écrit que le premier pas vers la justice pour les Amérindiens est de reconnaître les vérités douloureuses et de comprendre leurs effets.

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La secrétaire américaine de l’Intérieur, Deb Haaland

« Je suis le produit de ces horribles politiques d’assimilation. Mes grands-parents maternels ont été enlevés à leur famille alors qu’ils n’avaient que huit ans et ont été contraints de vivre loin de leurs parents, de leur culture et de leur communauté jusqu’à l’âge de 13 ans », a-t-elle écrit.

Membre de la nation Pueblo, au Nouveau-Mexique, Mme Haaland a parlé de l’enquête sur les pensionnats lors d’une allocution aux membres du Congrès national des Indiens d’Amérique, lors de la conférence de mi-année du groupe, mardi. Elle a déclaré que le processus sera long, difficile et douloureux, et qu’il ne résoudra pas le chagrin et la perte subis par de nombreuses familles.

« Pour lutter contre l’impact intergénérationnel des pensionnats et promouvoir la guérison spirituelle et émotionnelle dans nos communautés, nous devons faire la lumière sur les traumatismes tacites du passé, peu importe à quel point ce sera difficile », a-t-elle déclaré.

À commencer par l’« Indian Civilization Act » de 1819, les États-Unis ont promulgué des lois et des politiques pour établir et soutenir des pensionnats pour Autochtones à travers tout le pays. Pendant plus de 150 ans, des enfants autochtones ont été retirés de leur communauté et placés dans des pensionnats axés sur l’assimilation.

Avec des informations de l’Associated Press

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière des Bourses de Facebook et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.