Les milliers de nouveaux arrivants qui souhaitent s’installer au Québec et qui attendent depuis plusieurs mois que le ministère fédéral de l’Immigration leur accorde le statut de résident permanent peuvent souffler un peu.

Si le certificat de sélection du Québec (CSQ) qu’ils détiennent est échu ou est sur le point de l’être, il demeure tout de même valide aux yeux des autorités fédérales pendant la durée de l’étude de leur demande de résidence permanente.

Cette mesure, qui est peu connue des nouveaux arrivants, est entrée en vigueur il y a deux ans et demi afin d’éviter au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) du Québec d’avoir à émettre de nouveaux CSQ aux personnes en attente d’une décision.

Depuis le 2 août 2018, Québec ne renouvelle donc plus les CSQ, même s’ils viennent à échéance. « Ces certificats sont délivrés pour une période de 24 mois et demeurent valides pendant la durée du processus de demande de résidence permanente, même après l’expiration de la période de 24 mois », a fait savoir mercredi une porte-parole du MIFI.

La Presse a rapporté mercredi que la pandémie de COVID-19 a littéralement paralysé le ministère fédéral de l’Immigration, retardant le traitement de dizaines de milliers de dossiers en raison du télétravail. Résultat : de nombreux arrivants qui souhaitent s’installer au pays sont rongés par l’angoisse et l’attente interminable.

C’est le cas de Léa Pichon, une femme de 27 ans originaire de Nantes, en France, qui a en poche un certificat de sélection du Québec (CSQ) depuis près de deux ans. À l’instar de quelque 26 500 autres personnes, uniquement au Québec, elle attend impatiemment un signal du ministère depuis plusieurs mois. Le CSQ qu’elle détient vient à échéance le 11 avril. Elle croyait devoir entreprendre des démarches pour obtenir un nouveau document. Mais aucun agent au MIFI ne lui avait transmis l’information que ce n’était pas nécessaire.

« Voilà une bonne nouvelle », a indiqué Mme Pichon, qui désire s’installer au Québec avec son conjoint pour se rapprocher de ses parents, établis à Mascouche depuis près de sept ans.

« Mais cela ne règle pas tout. J’ai besoin d’un CSQ valide pour poursuivre mes études à l’UQAM, ou encore je dois obtenir la confirmation de ma demande de résidente permanente. Sinon, je dois tout arrêter », a-t-elle souligné.

Mme Pichon, qui détient un permis de travail valide jusqu’en 2023, enseigne à l’école secondaire Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord, où elle fait de la suppléance.

En septembre dernier, elle s’est inscrite à l’Université du Québec à Montréal pour obtenir un baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire et sociale. Des études qu’elle devra suspendre après la session d’hiver si elle n’obtient pas son statut de résidente permanente d’ici là.

La Presse a reçu de nombreux témoignages de personnes qui se retrouvent dans une situation comparable à celle de Mme Pichon. Ils attendent depuis 24 mois, voire 30 mois, une réponse du ministère fédéral de l’Immigration.

Les retards dans le traitement des dossiers de résidence permanente sont tels que le comité de l’immigration de la Chambre des communes a entrepris une étude l’automne dernier. Le gros du problème, c’est que le système de traitement des dossiers du ministère « est archaïque ». Le bureau principal de traitement des demandes des travailleurs qualifiés se trouve à Sydney, en Nouvelle-Écosse.

« C’est une catastrophe. Les demandes sont faites “papier”. Et il n’y a aucun système pour les retracer », a indiqué la députée bloquiste Christine Normandin, qui est membre du comité de la Chambre des communes.

« Les délais sont pire en temps de COVID. Mais le constat général c’est que la pandémie a juste exacerbé une situation qui avait déjà cours. Déjà depuis 2019, les travailleurs qualifiés qui envoient leurs dossiers n’ont pu d’accuser de réception », a ajouté Mme Normandin.

Le comité travaille sur un rapport et des recommandations pour corriger une situation « inacceptable ».