Cibler les patients plus à risque de développer une forme grave de la COVID-19 grâce à une prise de sang : cela pourrait être possible grâce à une équipe du Centre de recherche du CHUM.

Dans une nouvelle étude publiée dans le Journal of Clinical Investigation, l’équipe du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) a démontré de multiples dérèglements immunitaires spécifiquement liés à l’infection par le virus, ainsi qu’à la gravité de la COVID-19.

« On peut tous, dans une certaine proportion, exprimer [ces dérèglements], mais normalement, ce sont chez une faible proportion de nos cellules. Dans le cas des patients qui avaient une infection sévère, cette proportion-là était largement augmentée par rapport aux témoins non malades », indique la Dre Catherine Larochelle, professeure au département de neurosciences de l’Université de Montréal et auteure principale de l’étude.

De plus en plus de preuves soutiennent que la réaction immunitaire joue un rôle central dans la gravité de la COVID-19. Il est alors pertinent de comprendre les réponses immunitaires générées par le virus pour cibler les patients présentant un risque plus élevé de maladie grave et trouver de nouvelles cibles thérapeutiques.

Une dizaine de cliniciens et une vingtaine d’étudiants se sont donc regroupés pour trouver des altérations immunitaires liées à la COVID-19. Pour ce faire, ils ont analysé le sang de 50 patients atteints du SRAS-CoV-2 et l’ont comparé à celui de 22 patients hospitalisés pour d’autres maladies aigües et de 49 témoins sains.

L’équipe a démontré de multiples perturbations des cellules immunitaires, soit les sous-ensembles myéloïdes et lymphocytaires, chez les patients hospitalisés par rapport aux sujets sains. Ces altérations immunitaires étaient associées aux besoins de ventilation et à la mortalité chez les patients infectés par le virus.

Comment identifier ces dérèglements ?

« C’est une analyse qui est relativement simple », indique Mme Larochelle. On peut identifier ces marqueurs avec une analyse faite sur seulement un millilitre de sang. Ce test pourrait facilement se faire dans les hôpitaux. « Ça pourrait nous permettre de suivre de plus près les patients qui semblent avoir des indices de mauvais pronostics et mieux sélectionner les patients qui nécessitent des interventions plus musclées », explique-t-elle.

Cette recherche sur les réponses immunitaires spécifiques associées à l’infection pourrait permettre de développer une prochaine cible thérapeutique. Par exemple, on pourrait regarder si en donnant un nouveau traitement pharmaceutique, la proportion de ces dérèglements diminue, explique la spécialiste. « Ça nous permettrait donc de voir qui a répondu aux traitements », résume-t-elle.