Infestations de coquerelles et de punaises, moisissure et pénurie d’eau chaude : Des organismes montréalais s’unissent pour dénoncer le fléau d’insalubrité des logements dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. De son côté, la mairie rejette l’étiquette d’un statu quo.

Le Centre de femme La Marie Debout et Infologis ont réclamé de « réels changements » quant à la gestion de la salubrité dans l’arrondissement de Montréal, lors d’une conférence de presse via visioconférence, samedi.

« On a vu des changements de pratiques au sein d’autres arrondissements pour mieux gérer les problèmes de salubrité au cours des dernières années, mais dans MHM, c’est le statu quo », déplore Jean-Christophe Bureau, responsable à Infologis. En 2019, lui et 24 autres organismes ont signé une déclaration adressée à Pierre-Lessard Blais, le maire de l’arrondissement, dans laquelle il le pressait d’intervenir. Une campagne, « Pour des inspections impeccables », avait simultanément été lancée.

Or, presque deux ans plus tard, les organismes attendent toujours des solutions. « Nous avons fait part de nos revendications à l’arrondissement à plusieurs reprises depuis 2019, mais rien ne change pour les locataires et le maire se contente d’affirmer qu’il est ouvert à discuter » renchérit M. Bureau.

Ces revendications comptent l’augmentation du budget alloué aux inspections, l’allégement de la procédure pour déposer une plainte, ainsi que l’application de mesures coercitives envers les propriétaires.

Rejoint par La Presse, Pierre Lessard-Blais dit partager les mêmes préoccupations que ces organismes. D’ailleurs, il affirme que leurs demandes sont présentement à l’étude.

C’est inacceptable que des gens vivent dans des situations d’insalubrité. Mais c’est une problématique extrêmement difficile et on s’y attaque du mieux possible.

Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve

Il rejette cependant l’étiquette d’un statu quo, en rappelant les mesures prises par son administration, comme la levée de l’obligation de mise en demeure du bailleur afin de recevoir la visite d’un inspecteur. Par ailleurs, une table en habitation, au cours de laquelle différents organismes en logement viendront présenter leur plan d’action, est prévue pour la mi-mars. « Nous sommes proactifs. Mais c’est sûr qu’on va continuer de travailler sur ces éléments et affiner nos méthodes », a souligné l’élu.

Infestations de coquerelles

Au cours de la conférence, une famille est venue témoigner à l’écran de son quotidien dans un appartement infesté de coquerelles. « On n’a pas trouvé de solution, c’est vraiment une situation grave avec un enfant ! C’était tellement stressant, on a même pensé au divorce ! », raconte Sara. Devant l’absence de résultat, celle qui déboursait jusqu’à 1010 $ pour un 3 1/2 sur l’avenue de l’Authion s’est finalement résolue à déménager.

De son côté, l’intervenante à La Marie Debout, Véronique Houle, s’inquiète particulièrement de la situation des femmes, « parmi les plus touchées par les problèmes liés à la salubrité ». « De plus, en pleine pandémie, il ne fait pas de doute que d’être confinée dans un logement infesté de coquerelles, de punaises ou de moisissure a des conséquences non négligeables sur la santé mentale et physique des femmes. »