(Québec) Pas question d’augmenter le crédit d’impôt pour le maintien à domicile des aînés sans encadrer davantage les résidences pour personnes âgées (RPA).

C’est ce qu’a réclamé Québec solidaire (QS) mardi concernant cette mesure fiscale de 600 millions dont bénéficient 340 000 aînés.

Le Regroupement des résidences pour aînés (RQRA) ainsi que des grands gestionnaires de résidences réclament une augmentation de cette mesure fiscale qui aide les personnes âgées à payer leur loyer ainsi que des services en résidence. Ils ont mandaté des lobbyistes et des discussions sont en cours actuellement dans le contexte des consultations prébudgétaires.

« Il n’y aura jamais d’acceptabilité sociale pour donner un dollar d’aide à ces entreprises sans un encadrement strict de ce marché », a tranché le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, en conférence de presse à l’Assemblée nationale.

QS réclame notamment un contrôle des hausses de loyer ainsi que des inspections plus fréquentes et sévères des autorités, dans la foulée de la pandémie qui a frappé les RPA parfois tragiquement.

« Pour les grandes entreprises contrôlées par des géants immobiliers très riches, il est hors de question que ces entreprises très profitables bénéficient de l’aide de l’État, si de l’autre côté on ne restreint pas sévèrement leur capacité à augmenter les loyers », a-t-il plaidé.

Des « demandes claires »

En conférence de presse, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a confirmé qu’il avait eu des « demandes très claires » d’associations de RPA en vue du prochain budget.

« C’est évident que ça s’inscrit dans notre philosophie gouvernementale de garder les gens le plus longtemps possible à la maison, donc, le soin à domicile, ça inclut entre autres les résidences pour personnes âgées, les RPA », a-t-il ajouté, en appui à ces revendications.

« Un petit peu trop tôt »

Toutefois, il a précisé qu’il est encore « un petit peu trop tôt en ce moment » pour prédire de quel côté le gouvernement penchera. M. Dubé a rappelé que son gouvernement s’était engagé à injecter 200 millions par an pendant quatre ans en soins à domicile.

Pratiquement toute personne qui vit dans une résidence pour aînés (RPA) est admissible au crédit d’impôt qui couvre une partie des dépenses de loyer et de services.

Mais cet allégement fiscal ne suffirait pas pour atténuer la hausse importante des loyers générée par l’explosion des coûts de la main-d’œuvre qui fournit des soins, selon le RQRA.

Car depuis le début de la pandémie, le gouvernement a accordé toutes sortes de primes au personnel des RPA afin qu’il soit à parité avec le personnel soignant du réseau public.

Si elles veulent garder leur personnel, les RPA devront continuer à verser cette rémunération une fois les primes gouvernementales arrivées à échéance et par conséquent, elles devront donc intégrer la facture de ces coûts de main-d’œuvre dans les loyers.

Le RQRA demande d’ajuster le crédit d’impôt pour qu’il soit plus généreux pour les moins nantis et qu’on abaisse en contrepartie le plafond de l’admissibilité.

Le RQRA réclame également des changements dans la formule de calcul des hausses de loyer de la Régie du logement pour qu’elles tiennent compte davantage des coûts de main-d’œuvre dans les RPA. Entre 45 % et 60 % des dépenses d’une RPA sont au poste de la main-d’œuvre.