Les fondations caritatives subissent de plein fouet l’interdiction des rassemblements liée à la pandémie. Bien que de nombreuses campagnes spéciales pour la COVID-19 aient été lancées avec succès, l’annulation des grands évènements caritatifs, qui peuvent rapporter plus d’un million de dollars, fait mal.

Le Bal de la Jonquille au profit de la Société canadienne du cancer. Le Bal Rouge de la Fondation du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Le Grand Bal des Vins-Cœurs de la Fondation de l’Institut de cardiologie de Montréal. Le Grand Banquet de l’extraordinaire de la Fondation du CHUM.

À eux seuls, ces quatre évènements avaient rapporté 5,7 millions en 2019. En 2020, ils ont dû être annulés.

« On parle d’une chute de 40 % des revenus », indique Diego Mena, vice-président de la Société canadienne du cancer. « Il y a eu des annulations d’évènements, des baisses des dons des individus et des entreprises, et une diminution de nos revenus de placements. Le Relais pour la vie est devenu le Relais à la maison, la Course à la vie CIBC pour le cancer du sein est devenue virtuelle, avec des avatars, et le Gala des Grands Chefs est devenu une campagne virtuelle de financement avec 80 chefs qui ont fait un recueil de la restauration du Québec. »

La pandémie doit être l’occasion de repenser le mode de fonctionnement caritatif au Québec, selon Julie Quenneville, présidente de la Fondation du CUSM.

Au Québec, on est plus dépendants qu’au Canada anglais de l’événementiel. Il faudrait faire un changement de paradigme, viser les dons non liés aux évènements. Il faut que les gens donnent sans avoir besoin de prendre un verre.

Julie Quenneville, présidente de la Fondation du CUSM

La Fondation du CUSM a annulé son Bal Rouge, qui avait permis de récolter 1 million en 2019, et l’a remplacé par un appel virtuel qui a rapporté 770 000 $. « Nous avons fourni du financement de recherche directement lié à la COVID-19 à 50 projets novateurs », dit Mme Quenneville. Des appels de collectes de fonds ont permis de recueillir 7 millions pour répondre à la pandémie.

Des évènements réinventés

Dans certains cas, les évènements phares des fondations ont été remplacés par des soirées virtuelles, avec des boîtes de traiteurs livrées aux participants. À l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), la formule a permis au dîner annuel d’arriver à une somme à peine inférieure au profit net de 2019, parce que les frais ont été moins élevés, selon Isabelle Baril, directrice générale de la Fondation de l’IRCM. « Au total, on a eu des recettes inférieures de 5 %, parce que le tournoi de golf a rapporté 33 % de moins, mais en contrepartie on a eu un bon succès avec deux collectes spéciales pour la COVID, l’une pour aider des étudiants et l’autre pour un projet de recherche sur la pandémie », dit Mme Baril.

Mais dans la plupart des cas, les évènements virtuels ont rapporté moins. « Nous avons annulé ou réinventé une douzaine d’évènements », dit Anne Guilfoyle, directrice du développement communautaire à la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada (Cœur et AVC).

Au total, nous avons recueilli 25 millions de moins qu’à l’habitude.

Anne Guilfoyle, directrice du développement communautaire à la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada

Le Gala de la Robe rouge, l’évènement phare de Cœur et AVC au Québec, a été remplacé cette année par un Encan virtuel du 22 février au 8 mars – la soirée avait rapporté 150 000 $ en 2019.

Dans certains cas, les évènements en plein air, qui ont généralement été individuels plutôt qu’en groupe, ont un peu moins souffert de la « virtualité ». « Dans notre cas, on a eu des résultats un peu meilleurs cette année avec le tournoi de golf de Jonathan Drouin », indique Lise Plante, directrice des communications de la Fondation du CHUM. Par contre, le 24 h Tremblant a amassé 2,4 millions, contre 4,8 millions en 2019, au profit de trois fondations.