Les conséquences économiques de la crise sanitaire de la COVID-19 affectent tout le monde et davantage les moins nantis. Pour cette raison, le Collectif pour un Québec sans pauvreté se réjouit d’une nouvelle mesure permettant aux prestataires d’aide sociale de souffler, mais déplore que ce soit loin d’être suffisant.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a annoncé par voie de communiqué, samedi, l’imposition d’un moratoire de trois mois, à partir de novembre, sur le recouvrement de sommes dues auprès des prestataires.

Une nouvelle bien accueillie par le Collectif pour un Québec sans pauvreté qui en avait fait la demande. « Pour nous, c’était le minimum requis », souligne le porte-parole du collectif, Serge Petitclerc.

« Ce qu’on demandait surtout, c’était un moratoire sur les dettes contractées avec la Prestation canadienne d’urgence », poursuit-il. L’organisme explique que le gouvernement fédéral n’a pas encore annoncé clairement s’il allait réclamer les montants de la PCU versés à des prestataires d’aide sociale.

On craint donc que ces gens dans le besoin se retrouvent à devoir rembourser la PCU à laquelle ils n’avaient pas droit en plus de rembourser Québec en double.

Le moratoire complet de trois mois sur toute dette liée à l’aide sociale est donc reçu favorablement par le collectif qui insiste sur la précarité dans laquelle vivent les prestataires d’aide sociale. L’organisme déplore d’ailleurs qu’aucune aide d’urgence n’ait encore été prévue pour les personnes les plus démunies de la société.

Le porte-parole, Serge Petitclerc, rappelle que les personnes défavorisées survivent grâce à toutes sortes de revenus d’appoints et de services communautaires essentiels. Deux éléments cruciaux dont ils ont été privés ou qui ont été grandement limités depuis le début de la crise sanitaire en mars dernier.

M. Petitclerc fait remarquer que Québec aurait pu facilement utiliser le crédit d’impôt pour solidarité pour donner un peu de répit aux citoyens déjà inscrits au registre des ménages à faible revenu.

10 $ de plus par mois

Dans son communiqué publié samedi, le ministre Jean Boulet profite aussi de l’occasion pour rappeler l’entrée en vigueur prévue d’une légère hausse de la prestation de base d’assistance sociale le 1er janvier prochain.

Une mention qui irrite le Collectif pour un Québec sans pauvreté puisque cette augmentation est prévue depuis trois ans et qu’elle a été annoncée par le précédent gouvernement lors de l’adoption du troisième plan de lutte à la pauvreté en décembre 2017.

« Si le ministre veut vraiment faire une différence dans la vie des gens qu’il procède à des augmentations beaucoup plus importantes pour des gens qui n’ont même pas la moitié du minimum requis pour vivre », s’indigne M. Petitclerc.

Il souligne que le gouvernement fédéral vient de recalculer le montant nécessaire à la couverture des besoins de base. Le montant sur lequel Québec s’appuie pour justifier son rattrapage de l’aide sociale.

« S’il veut faire un vrai rattrapage, il pourrait augmenter la prestation d’un autre 70 $ à 80 $. Ça, ce serait nouveau et ça respecterait l’esprit du troisième plan de lutte à la pauvreté », plaide le porte-parole du collectif.

La hausse prévue en janvier 2021 se limite à 10 $, plus l’indexation liée à l’indice des prix à la consommation, précise-t-il.

La prestation de base de l’aide sociale représente un montant de 690 $ par mois.