Après un printemps difficile, les Québécois étaient nombreux, samedi, à vouloir profiter du beau temps, en famille ou entre amis. Il fallait cependant s’armer de patience pour accéder à la plage du parc national d’Oka, particulièrement populaire, malgré les mesures mises en place contre la COVID-19.
« On a attendu environ une heure en file », a indiqué Zieb Hedhli, arrivé vers 9 h 40 dans la queue pour accéder au parc. Sa femme, Ella Moussa, et lui hésitaient à visiter la plage, qu’ils ont l’habitude de fréquenter chaque année, avec leurs quatre enfants de 2 à 10 ans.
« On ne voulait pas se retrouver comme en Floride », qui fait face à une résurgence de cas, a précisé la femme en faisant chauffer des crêpes tunisiennes sur une plaque de métal.
Capacité réduite de moitié
Si la plage avait des airs d’avant-COVID-19 avec son absence de masques, ses familles réunies autour de barbecues et son ambiance décontractée, l’ombre du virus continuait de planer. Des pancartes rappelaient les consignes sanitaires. Les visiteurs étaient invités à apporter leurs propres chaises et parasols.
Pour assurer la distanciation, la Société des établissements et des parcs du Québec (SEPAQ) a annoncé une réduction de 50 % de la capacité d’accueil de ses plages, de nouveau accessibles depuis le 22 juin.
Or, sur place, bien des baigneurs se questionnaient sur l’application de la mesure, vu le nombre de personnes présentes.
« Je n’ai jamais vu autant de monde ici », a confié Claudio Castillo en préparant le barbecue pour l’anniversaire de son amie Claudia.
Une employée a indiqué que la SEPAQ ne laissait que 4000 voitures accéder au stationnement de la plage, sans compter les campeurs déjà présents sur le site. Il n’a pas été possible de parler à un porte-parole de la SEPAQ samedi pour confirmer ces données et obtenir plus d’information.
Le fils de 11 ans d’Isabelle Quirion s’affairait de son côté à ramasser des cailloux lors du passage de La Presse. « On se questionne un peu sur les deux mètres [de distance entre les familles]. Ça se remplit vite, a constaté Mme Quirion, installée avec son conjoint, Stéphane Filion. On a dit au garçon de ramasser des roches pour mettre autour [de nous]. »
Jeunes et sensibilisation
De nombreux visiteurs semblaient tout de même tenter de respecter les distances en étendant les serviettes ou en plantant les parasols. L’Institut national de santé publique du Québec estime d’ailleurs le risque « faible » à l’extérieur si les mesures de distanciation physique sont respectées.
« Après les manifestations [contre le racisme], on n’a pas vu de hausse de cas, a remarqué Joël Semujanga. Je me sens plus à l’aise à l’extérieur, même s’il y a beaucoup de monde, que dans un endroit fermé. »
Le jeune homme de 28 ans était avec 11 amis, groupe tissé serré habitant dans trois maisonnées. Les distances semblaient plus difficiles à garder entre eux, même s’ils disaient faire des efforts.
Les jeunes ont semblé particulièrement visés par la sensibilisation au respect des règles sanitaires lors de l’ouverture des plages, selon ce qu’ont constaté Razan Korban et Joe Maroun.
Le couple de Laval a un abonnement d’accès illimité depuis plusieurs années et se rend à la plage d’Oka régulièrement. Ces deux quinquagénaires étaient au rendez-vous lors de l’ouverture de la plage. « La semaine passée, il y avait la Sûreté du Québec et des cadets qui arrêtaient pour voir les gens », surtout les jeunes, a dit M. Maroun. La sensibilisation ne semblait plus aussi présente samedi, a-t-il remarqué.
« Les policiers assurent une vigilance accrue dans les MRC où les plages sont ouvertes au public », a assuré à La Presse le sergent Claude Denis, de la Sûreté du Québec, qui a précisé que le parc avait aussi ses propres surveillants et que la SQ agissait en soutien.
« C’est la responsabilité de chacun de faire attention, a lancé Razan Korban. J’essaie de garder une distance quand je passe à côté de quelqu’un. Quand je vais aux toilettes, je me lave les mains. On prend des précautions, ça fait maintenant partie de notre quotidien. »