La fermeture complète du tunnel ferroviaire sous le mont Royal, à compter de ce lundi, a déjà mis fin depuis vendredi aux services de train de banlieue de Deux-Montagnes et va doubler le temps de déplacement des passagers du train de l’Est, entre Mascouche et le centre-ville de Montréal.

Des services de navettes et d’autobus express conçus à l’origine pour compenser les besoins de déplacement des 18 000 usagers quotidiens de ces deux trains seront déployés à partir de chacune des gares de ces lignes, et même bonifiés – même s’il est peu probable qu’ils soient largement utilisés dans une métropole encore confinée pour au moins deux semaines.

Depuis l’ordre de confinement général de la mi-mars et la suspension des activités non essentielles, dont les grands chantiers d’infrastructures, l’achalandage quotidien des trains de banlieue s’est effondré de 90 à 95 %. L’absence de congestion sur le réseau routier supérieur et les directives de distanciation physique encouragent aussi les déplacements en automobile.

Cette absence de congestion a même inspiré les autorités métropolitaines de transport à bonifier leurs services de bus express spéciaux en partance de la ville de Deux-Montagnes.

Ainsi, l’express 404, qui doit faire la navette entre Deux-Montagnes et le centre-ville de Montréal en 50 minutes, de 5 h du matin à minuit le soir, ne devait pas circuler durant les heures de pointe, en raison de la congestion habituelle sur le réseau autoroutier entre la banlieue nord et Montréal.

Mobilité Montréal, un organisme du ministère des Transports du Québec (MTQ) qui coordonne la mise en place de ces mesures, confirme ainsi que « la Navette 404 circulera temporairement durant les heures de pointe avec un service aux 8 minutes. Cette circulation en heure de pointe est temporaire et directement liée à la baisse d’achalandage sur le réseau routier et dans les transports collectifs. À tout moment, cette mesure temporaire peut être retirée ».

Place au REM

D’abord prévue pour la première semaine de janvier, puis reportée une première fois au 30 mars, avant son report indéterminé en raison de la pandémie de COVID-19, la fermeture du tunnel sous le mont Royal marque aussi la reprise des grands chantiers d’infrastructures.

C’est aujourd’hui que devraient se réanimer les multiples chantiers interrompus de l’échangeur Turcot, du pont Samuel-De Champlain (qui n’est pas encore tout à fait terminé) et du futur Réseau express métropolitain (REM), le projet de métro léger de 6,5 milliards financé par la Caisse de dépôt et placement du Québec.

C’est l’aménagement du REM qui force la fermeture du tunnel du mont Royal. Le métro léger remplacera l’ancienne ligne de train de Deux-Montagnes d’ici 2024, et le tunnel deviendra la colonne vertébrale du réseau. Jusqu’à 600 rames emprunteront chaque jour ce tunnel. Un tel volume entraînera une transformation complète de l’infrastructure de plus de 100 ans afin d’améliorer substantiellement la sécurité du tunnel et de répondre aux besoins techniques d’un réseau de transport moderne entièrement autoguidé.

Avant que ses chantiers ne soient tous suspendus pendant deux mois en raison de la pandémie de COVID-19, la filiale de la Caisse de dépôt responsable du REM, CDPQ Infra, prévoyait la réouverture du tunnel en 2022 avec la mise en service du segment entre la gare Centrale et la future station Bois-Franc. Le dernier segment de l’antenne nord du REM, entre Bois-Franc et Deux-Montagnes, ne sera toutefois terminé qu’en 2024.

Services temporaires

Des services temporaires de navettes par bus ont été mis en place à partir de chacune des gares des deux lignes de trains. La liste complète des trajets offerts et des horaires de service peut être consultée sur le site internet de Mobilité Montréal.

Les usagers du train de banlieue de Mascouche bénéficieront toujours d’un trajet direct vers la gare Centrale au centre-ville de Montréal. Trois des cinq départs du train, le matin et en fin d’après-midi, emprunteront cet itinéraire. Le parcours sera toutefois plus long, puisque le train, au lieu de prendre le tunnel sous la montagne, fera le tour du mont Royal en empruntant des voies ferrées réservées au transport des marchandises.

Au lieu des 65 minutes habituelles, le trajet Mascouche–centre-ville prendra donc 1 h 45 min, soit 40 minutes de plus, incluant une pause de 5 ou 10 minutes pour désengorger les voies de triage. Ce temps de déplacement sera raccourci de 10 minutes, à plus long terme, lorsque les voies auront été réaménagées entre la gare Sauvé actuelle et le centre-ville.

Les usagers qui ne souhaitent pas allonger ainsi leur temps de déplacement seront pour leur part invités à débarquer du train à la gare Sauvé, puis à marcher quelques minutes jusqu’à la station de métro du même nom, sur la ligne orange.

Pour les usagers du train de banlieue de Deux-Montagnes, jusqu’en 2021, une navette ferroviaire continuera de faire l’aller-retour entre les gares Deux-Montagnes et Bois-Franc. Un « trainbus » recueillera ensuite les usagers de cette navette ferroviaire pour les amener, via une voie réservée aux autobus, à la station de métro Côte-Vertu.

Ce dispositif de déplacement, qui demande aux usagers d’effectuer deux transferts de mode de transport à un autre (train-autobus-métro) sur un parcours d’environ 90 minutes, a été accueilli avec déception (ou pire) par les usagers du train de Deux-Montagnes, qui estiment que leur temps de déplacement quotidien sera multiplié par deux avec un tel service.