La royauté britannique est l’ancêtre d’Occupation double. Une douzaine de personnages vivant constamment sous les yeux du public. Leur maison de l’amour est le palais de Buckingham. Et leur vie est une suite ininterrompue de sorties mondaines, d’escapades avec les nantis et de voyages dans les anciennes colonies. On se rencontre, on s’aime, on se sépare et on se « bitche ». Pour le plus grand divertissement du peuple.

Qu’ont fait ces nobles influenceurs pour mériter ça ? Rien. Ils sont juste nés dans le bon berceau. Celui avec la fée à côté.

Il y a la dominante Élisabeth, l’effacé Philip, le patient Charles, la très patiente Camilla, le souriant William, la parfaite Kate, le bouillant Harry, la rebelle Meghan et toute une panoplie de candidates et de candidats aussi colorés les uns que les autres. Sans oublier celle qui n’est plus là, mais que personne n’oublie, la princesse Diana, gros coup de cœur de ce feuilleton. Regrettée pour toujours.

Lundi dernier, on a eu droit à un souper d’élimination. Moment rare dans cette série. C’est maintenant officiel, un couple quitte l’aventure. Le prince Harry et sa femme, la duchesse de Sussex, Meghan Markle, plient bagage. Contrairement à OD, ce ne sont pas les autres résidants du château qui leur ont dit de s’en aller. No, sir ! Leur départ est volontaire. Ils n’en peuvent plus. Enough is enough !

PHOTO DANIEL LEAL-OLIVAS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le prince Harry et son épouse, la duchesse de Sussex, Meghan Markle, ont annoncé le 8 janvier leur décision de se mettre en retrait de la famille royale britannique.

Harry et Meghan ne sont plus capables de supporter les caméras et les commentaires des médias britanniques. C’est qu’on leur a attribué le rôle du couple badass. Le couple fantasque. Qui transgresse les règles. Tandis que le frère d’Harry et sa femme, William et Kate, jouent le couple gentil. Le couple modèle. Qui respecte les devoirs de son rang.

S’il y avait un vote pour cette téléréalité, c’est William et Kate qui remporteraient la faveur du public, c’est certain. Ce sont les méchants qui attirent, mais les bons qui récoltent. 

Cependant, il n’y a pas de vote du public dans Occupation royale. Le gagnant est choisi par Dieu lui-même. C’est la lignée monarchique. Et ce sera, un jour, William le roi, et Kate la reine. Quoiqu’on pensait ça aussi pour Charles et sa compagne, et la couronne se fait attendre. Ce qui ne l’empêche pas de dormir sur ses deux oreilles.

Donc, Harry et Meghan se sont dit : « Tant qu’à nous faire pourchasser dans notre royaume, sauvons-nous quelque part. » God save the Queen, mais Meghan se sauve de la reine. Qu’ont choisi ces migrants, en jet privé, comme terre d’accueil ? Le Canada ! Oui, c’est nous, ça. Si Napoléon a vécu son exil dans l’île Sainte-Hélène, c’est dans l’île de Vancouver qu’Harry a commencé le sien. On ne sait si sa famille et lui resteront là, mais on sait que ce sera quelque part dans notre beau grand pays.

Meghan a longtemps séjourné à Toronto, pour le tournage de la série Suits. La Ville Reine en aura, peut-être, enfin une. Imaginez s’ils choisissent le Québec ! Il leur faudrait d’abord passer le test des valeurs de la Coalition avenir Québec. Harry et Meghan devant dorénavant gagner leurs propres sous, peut-être deviendront-ils porte-parole du Roi de la patate ou du Reine Elizabeth ?

Avouons que ça fait un petit velours que des majestés choisissent notre contrée froide. Mais ils ne sont pas si fous : avec le réchauffement planétaire, s’établir dans ce pays, qui n’est pas un pays, mais l’hiver, c’est très prévoyant.

Bien sûr, la reine Élisabeth est en beau joual vert fluo. Elle n’apprécie pas la fuite de son petit-fils. Quand on fait partie d’Occupation royale, c’est pour la vie. Ce n’est pas un choix. C’est un destin. On y fait face, comme Sissi. Élisabeth n’a jamais demandé à devenir reine. Elle l’est. C’est ainsi. C’est la volonté divine. 

D’ailleurs, si elle l’est devenue, c’est à cause d’un souper d’élimination tenu en décembre 1936. Son oncle, le roi Édouard VIII, voulant plus de rapprochements avec l’Américaine Wallis Simpson, femme divorcée, renonça au trône. C’est beau, l’amour. Cet épisode a « scoré » fort. 

Le père d’Élisabeth devint le roi George VI. Et Élisabeth, fille aînée, devint donc celle appelée à lui succéder. Ce qu’elle fit, à sa mort, en 1952. Depuis 68 ans, Élisabeth est donc la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et des 15 autres royaumes du Commonwealth. 

C’est elle, le boss. C’est elle qui dit aux autres personnes quoi faire. La reine Élisabeth est la Jay Du Temple d’Occupation royale. Avec des habits aussi voyants et des chapeaux funky au lieu d'un man bun. C’est pas Jay Du Temple, c’est Liz du Palais.

Cela dit, si Harry et Meghan croient se libérer de l’attention médiatique en immigrant au Canada, ils sont bien naïfs. Ils n’ont rien à craindre de nous. Nous, c’est juste ce que fait Carey Price qui nous intéresse, mais les paparazzis anglais n’ont qu’à prendre un plus gros zoom pour les surprendre de l’autre côté de l’Atlantique.

Bref, ils viennent juste de relancer Occupation royale pour plusieurs années.

Pour les consoler, malgré tous les désagréments de la charge royale, mieux vaut être une vedette d’OR version britannique que d’OR version française. Là-bas, la série s’est terminée en coupant la tête des exclus.