(Ottawa) Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a fustigé lundi le gouvernement fédéral pour ne pas agir assez rapidement pour mettre en place des tests de dépistage rapides de COVID-19 dans tous les aéroports internationaux du pays pour les voyageurs internationaux entrants, alors qu’une nouvelle variante du virus a entraîné la fermeture de plusieurs frontières dans le monde.

Tard dimanche, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il interdisait tous les vols de passagers entrants en provenance du Royaume-Uni pendant 72 heures en raison d’un nouveau variant du coronavirus détecté dans le pays.

Le fédéral a pris sa décision après des mois d’assouplissements progressifs concernant les personnes autorisées à entrer au Canada. En premier lieu, une liste très courte de travailleurs essentiels avait été autorisée.

Ensuite, cette liste a été élargie pour permettre l’entrée à davantage de travailleurs, tels que les travailleurs agricoles. Ensuite, le gouvernement a élargi la liste aux membres de familles admissibles capables de rejoindre ou de rendre visite à leurs parents au Canada.

Cette liste a également été élargie. La plupart des voyageurs entrants doivent effectuer une quarantaine de 14 jours et ils sont soumis à un dépistage des symptômes de la COVID-19.

S’ils violent la quarantaine, ils peuvent faire face à de lourdes amendes financières ou à des peines de prison.

Mais Doug Ford a comparé la façon dont la frontière est gérée à un toit qui fuit. Il a dit que près de 64 000 personnes sont arrivées à l’aéroport Pearson de Toronto la semaine dernière seulement et a laissé entendre qu’elles n’avaient pratiquement pas été contrôlées.

« Faisons les tests à l’aéroport et arrêtons la fuite », a-t-il déclaré.

« Peu importe qu’il y ait 10 personnes qui passent, c’est 10 de trop qui vont être dans la communauté et qui répandent la COVID. »

Doug Ford a prononcé ces remarques au moment où il ordonnait un confinement de la province pour ralentir la propagation du virus.

Il a déclaré qu’il demande sans succès aux libéraux fédéraux depuis des mois d’aller de l’avant avec les tests de dépistage dans les aéroports.

Il a fait avoir que le gouvernement de l’Ontario mettrait en place des tests de dépistage de la COVID-19 à l’aéroport Pearson avec l’aide de l’administration aéroportuaire. « Et s’ils ne veulent pas nous aider, eh bien, nous allons faire… des contrôles sur le bord de la route », a-t-il déclaré avant d’ajouter « que nous ne mettons pas les gens en danger ici en Ontario ».

Plus tôt cette année, le gouvernement fédéral a lancé un projet pilote à l’aéroport de Calgary qui permet de dépister les personnes à leur arrivée.

Si ce test s’avère négatif, un voyageur peut quitter la quarantaine tant qu’il revient pour un deuxième test six ou sept jours après son atterrissage.

Au 18 décembre, 18 021 personnes y avaient participé. Moins de 1 % de ceux qui ont été dépistés une deuxième fois ont été déclarés positifs, selon les données publiées par la province de l’Alberta.

Les gouvernements fédéral et ontarien travaillent sur un projet similaire à l’aéroport Pearson de Toronto, mais la province souhaite un bassin de sujets potentiels beaucoup plus important.

Compte tenu de la charge de travail actuelle en Ontario, une demande pour un programme qui pourrait raccourcir les délais de quarantaine est surprenante, a déclaré la ministre fédérale de la Santé Patty Hajdu dans un communiqué.

Elle a affirmé que la quarantaine de 14 jours fonctionnait, car seulement 1,3 % de tous les cas connus de COVID-19 en Ontario provenaient de voyages à l’extérieur du pays.

« Nous continuerons à utiliser la recherche et la science pour informer des prochaines étapes concernant les mesures aux frontières », a-t-elle déclaré.

Des données préliminaires suggèrent que la nouvelle variante de la COVID-19 détectée en Grande-Bretagne est plus transmissible que les autres souches, bien que jusqu’à présent, il n’y ait aucune preuve qu’elle ait un impact sur la gravité des symptômes ou sur l’efficacité des vaccins existants.

Pourtant, le gouvernement fédéral a déclaré qu’il fermait la frontière aux vols à l’arrivée pour donner aux responsables de la santé publique le temps de recueillir des preuves supplémentaires et de mener des recherches plus approfondies.

Les voyageurs du Royaume-Uni qui sont arrivés au Canada dimanche ont été soumis à un examen plus approfondi et à un plan de quarantaine plus exhaustif, a déclaré Santé Canada.

Les passagers qui sont arrivés « récemment » recevront des instructions supplémentaires du gouvernement, a précisé l’agence dans un communiqué lundi.

Les critiques de l’opposition ont déclaré que la fermeture de la frontière avec le Royaume-Uni était une bonne décision, mais ont remis en question le calendrier et ce que les libéraux savent réellement de cette nouvelle variante du virus.

« Trois jours semblent trop courts pour avoir un réel effet sur la propagation de la nouvelle version du virus. Il sera encore en pleine expansion.

La mesure devra être renouvelée et les contrôles de l’étranger maintenus. Une question de sécurité », a indiqué sur Twitter le chef bloquiste Yves-François Blanchet.

Le NPD a également fait référence au fait que la nouvelle directive ait été annoncée pour une période de 72 heures. « Je suis un peu préoccupé par les 72 heures. Je comprends qu’ils veulent avancer par étapes, mais je ne suis pas sûr que nous aurons la base scientifique pour obtenir suffisamment d’informations dans cette courte période », a déclaré le porte-parole du NPD en matière de santé Don Davies, lundi.

Dans un communiqué, une porte-parole du chef conservateur Erin O’Toole a déclaré que le parti appelait depuis longtemps à des restrictions de voyage dans les régions à haut risque, et pourtant tout au long de la pandémie, les vols internationaux ont continué à atterrir. La nouvelle variante a été identifiée pour la première fois à l’automne, a indiqué Chelsea Tucker, et est présente dans d’autres pays. « Maintenant, nous nous demandons si la nouvelle variante de la COVID-19 au Royaume-Uni est déjà au Canada », a ajouté Chelsea Tucker dans un courriel.

Santé Canada a déclaré qu’elle analysait les cas canadiens pour déterminer si la variante avait déjà été observée dans le pays.

La décision de fermer ou non la frontière aux voyageurs de régions spécifiques a été un élément important dans le débat public sur la réponse du Canada à la COVID-19 lors des premiers jours de la pandémie.

Les conservateurs et d’autres avaient demandé l’interdiction des voyageurs en provenance de Chine, étant donné que le nouveau coronavirus serait originaire de ce pays.

Des recherches ont depuis montré que les cas qui se propageaient au Canada provenaient principalement de personnes venant d’Europe et des États-Unis.