(Montréal) Les organismes questionnés sont unanimes : il y a une hausse de la demande en aide alimentaire. La pandémie a accru les besoins des moins nantis. « Il y a une nouvelle clientèle qui se présente auprès des banques alimentaires », souligne le directeur général de Moisson Montréal, Richard D. Daneau.

« Il y a plus de monde qui se présentent dans les comptoirs d’urgence, explique-t-il. Et ce sont de nouvelles personnes qui sont dans le besoin. »

M. Daneau fait référence aux travailleurs des milieux de l’hôtellerie, de la restauration et du voyage, notamment, qui ont perdu leur emploi en raison de la COVID-19.

« Il y a des gens qui viennent quelques fois le temps de se remettre sur pied ou entre deux emplois. C’est pas un projet de vie, d’aller dans un comptoir alimentaire et ils n’y vont pas de gaieté de cœur. Nous, on est là pour faire œuvre utile et espérer que le pont soit le plus court possible, le temps qu’ils retombent sur leurs pattes et qu’ils retrouvent leur autonomie. »

Même écho du côté de Moisson Outaouais. « On sert 12 000 personnes par mois normalement et là on sert 16 000 personnes par mois », confie la porte-parole Marie-Michèle Barrette.

S’il y a plus de besoins, les gens se montrent également plus généreux. Cette année, Moisson Outaouais a confectionné 1715 paniers de Noël qui seront redistribués par des organismes locaux.

Cela représente près du double des paniers assemblés l’an dernier. « C’est la première fois qu’on achète autant de nourriture. » Grâce à la « grande générosité » des donateurs, les emballages seront bien garnis pour concocter un réveillon digne de ce nom avec de la dinde, de la tourtière, du sirop d’érable et des légumes, entre autres.

Pierre Liné, directeur général de l’organisme Santropol Roulant, à Montréal, note aussi un « grand élan de générosité » depuis le printemps. Il peut compter sur une base de donateurs mensuels et, jusqu’à maintenant, « il n’y a pas eu de diminution des dons mensuels, et, avec la campagne du temps des Fêtes, nous sommes légèrement en avance par rapport aux années précédentes ».

Le constat est similaire pour la Mission Bon Accueil : « les Montréalais se sont montrés très généreux envers les causes qu’ils avaient à cœur », renchérit la porte-parole Chelsea Dufort.

« Avalanche de demandes de services, baisse des revenus »

Même si les gens se montrent très généreux envers les organismes de sécurité alimentaire qui ont une certaine notoriété, la vice-présidente des partenariats chez CanaDon, Lys Hugessen, fait remarquer que plusieurs organismes moins connus, des organismes culturels ou des fondations amassant des fonds dans divers secteurs de recherche, dont le cancer, ont vu leurs dons diminuer.

En ce sens, une enquête sectorielle, publié lundi par l’organisme Imagine Canada, rapporte que 68 % des organismes de bienfaisance canadiens, tous champs d’activités confondus, ont enregistré une baisse des dons depuis le début de la pandémie.

Mme Hugessen parle d’une « avalanche de demandes de service [d’aide], mais d’une baisse de revenus » pour plusieurs organisations caritatives.

Ce sont souvent des organisations qui n’ont pas les moyens d’entamer un virage numérique. Or, 49 % des Canadiens ont une nette préférence pour les organismes qui acceptent les dons en ligne.

C’est ce qui ressort d’une enquête publiée par CanaDon, qui offre d’ailleurs du soutien aux organismes de charité qui désirent développer une plateforme de dons sur l’internet.

« Ceux qui comptaient sur les collectes en personne, ou la vente de billets liée à un évènement, ont beaucoup souffert », dit-elle.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.