Le gouvernement Legault vient d’ajouter tout près de 30 000 kilomètres carrés de territoires protégés au Nunavik, dans le nord de la province. Ces nouvelles mesures, saluées par les écologistes, font ainsi bondir à 12,7 % la proportion du réseau d’aires protégées québécois.

« Huit nouveaux secteurs obtiendront le statut de réserve de territoire aux fins d’aires protégées », confirme l’attachée de presse du ministre de l’Environnement, Geneviève Richard. Il s’agit de Rivière-Innuksuac, Rivière-Arnaud, Tursujuq-Nord, Tursujuq-Centre, Tursujuq-Sud, Canyon-Eaton, Marais-Maritime et Rivière-George-Nord.

Deux « délimitations de réserves existantes », celles de la Rivière-Marralik et de la Rivière-George, seront aussi agrandies. Quelque 29 785 kilomètres carrés seront ainsi protégés, précisément.

Cette nouvelle tombe alors que la date butoir du 31 décembre 2020 pour la protection des aires protégées approche. Il y a dix ans, le Québec s’était engagé, avec plusieurs autres États, à atteindre la cible de 17 % d’aires protégées « d’ici la fin de la décennie ».

« Je confirme qu’on va y parvenir », a promis samedi le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, dans une entrevue accordée au Journal de Québec. L’élu a tenu cette semaine plusieurs rencontres de négociations au sujet des aires protégées. Bon nombre d’organisations et de personnalités publiques, dont le chanteur engagé Richard Desjardins, ont pressé le gouvernement d’en faire davantage à ce chapitre, au cours des derniers jours.

Son cabinet assure par ailleurs que Québec « garde le cap » sur l’atteinte de la cible de 17 %. « Nous sommes heureux de cette avancée qui confirme notre engagement en matière de protection de l’environnement, tant auprès de nos partenaires qu’à l’international », indique Mme Richard. Québec étudierait actuellement l’intégration de mesures de protection dans la région des monts Chic-Chocs, non loin de Matane.

Un bond « extraordinaire »

Joint par La Presse, le directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Alain Branchaud, a applaudi la nouvelle. « On est très contents. C’est un bon extraordinaire de 2 % qui est fait pour les aires protégées. Et on comprend que d’autres annonces s’en viennent. Il y a suffisamment de projets sur la table pour se rendre jusqu’à un taux de 21 % au Québec », évalue l’écologiste.

Les nouvelles aires protégées ont une superficie totale plus grande que l’état du Vermont et représentent une contribution significative en matière de conservation bioculturelle dans ce dernier droit vers l’atteinte des objectifs internationaux.

Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec)

Son groupe dit particulièrement se réjouir des agrandissements au parc national de Tursujuq, la plus vaste aire protégée de l’Est de l’Amérique du Nord, ainsi que de la protection du Canyon Eaton, « un territoire qui avait été identifié de façon prioritaire par la Nation naskapie ». « Ce territoire offre un potentiel de développement récréotouristique qui pourrait contribuer à la diversification économique de la région », indique l’organisme dans une déclaration.

La Société accueille aussi « favorablement » les agrandissements prévus à l’aire protégée de la rivière George. Ceux-ci « permettront une meilleure protection de l’aire de mise bas de la harde de caribous migrateurs, ainsi que la protection du Mushuau-nipi, un site que le groupe innu Uapashkuss souhaite voir reconnu comme site naturel sacré », illustre-t-on.

M. Branchaud prévient toutefois qu’il faudra surveiller « certains éléments », à savoir si la forêt boréale et les habitats de caribou sont bel et bien protégés. « Chose certaine : on vient vraiment protéger des habitats super importants. Ce sont des éléments essentiels au niveau de la biodiversité, mais aussi d’un point de vue culturel pour différents peuples autochtones », ajoute-t-il.

Parvenir aux cibles de 17 % enverrait selon lui un « signal fort » au monde entier que le Québec est un leader assumé et crédible en matière de biodiversité. Le siège social du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies est d’ailleurs situé à Montréal, rappelle la SNAP Québec, réitérant la nécessité d’en faire encore davantage.