Elmer van der Vlugt, chercheur à l’Observatoire québécois des inégalités de l’Université de Montréal, a publié jeudi un portrait des personnes âgées. Un portrait sombre qui reflète que « trop d’entre elles n’ont même pas les 400 $ nécessaires à l’achat d’un déambulateur ou accès à un moyen de transport pour aller à leurs rendez-vous », illustre le gériatre Stéphane Lemire. Tirés de 250 articles et ouvrages et d’une quarantaine de bases de données, les constats qui suivent datent d’avant la pandémie, qui a vraisemblablement noirci davantage le tableau.

Patrimoine financier

• La moitié des personnes de 65 ans et plus vivent avec moins de 26 000 $ par année, alors que c’est le cas pour seulement 40 % de la population dans son ensemble.

• 40 % des ménages de personnes âgées ont des dettes, une tendance à la hausse au Québec et au Canada.

• Le revenu des personnes aînées titulaires d’un diplôme universitaire est environ le double de celui des personnes sans diplôme ou seulement titulaires d’un diplôme d’études secondaires.

• Grâce aux impôts et transferts, la redistribution effectuée par les gouvernements réduit de moitié les inégalités entre les mieux nantis et les moins nantis des ménages de personnes âgées.

Travail

• Entre 2000 et 2018, la proportion des personnes de 65 ans et plus sur le marché du travail a triplé, parfois par choix, mais souvent par nécessité.

• L’âge moyen du départ à la retraite est en constante hausse depuis la grande récession de 2008.

• Les femmes prennent davantage leur retraite tôt pour pouvoir venir en aide à un proche, au détriment du patrimoine requis pour maintenir un niveau de vie acceptable

Réalités au quotidien

• À partir de 75 ans, les ménages « sont proportionnellement plus nombreux que le reste de la population à consacrer au-delà de 30 % de leur revenu total avant impôt pour se loger, seuil au-delà duquel un logement est considéré comme étant inabordable ».

• Les seuils employés pour ajuster la tarification des CHSLD en fonction des revenus des personnes qui y résident ont été déterminés en 1983 et n’ont pas été indexés au coût de la vie depuis, ce qui a pour conséquence d’exclure un nombre grandissant de ménages dont le patrimoine est plus modeste.

• Au Québec, 85 % des soins prodigués aux personnes aînées sont assurés par des proches aidants, souvent eux-mêmes avancés en âge.

• Plus du tiers des hommes québécois âgés de 75 ans et plus disent n’avoir aucun ami proche.

• Les personnes de 65 ans et plus sont sous-représentées dans les accidents de la route, « n’étant impliquées que dans 12 % des accidents avec dommages corporels, alors qu’elles représentent près du double des personnes [titulaires] d’un permis ».

• Mais la distraction au volant affecte davantage les personnes aînées et s’accroît avec l’âge, atteignant près de la moitié des accidents avec dommage corporel chez les personnes de 90 ans et plus, contre un peu plus du quart pour les 45-54 ans.