À six pieds et trois et un physique de colosse, le nouveau président élu samedi de l’Association des policiers provinciaux du Québec, Dominic Ricard, n’a pas peur des défis. Cela tombe bien, car il en aura beaucoup à relever durant les quatre prochaines années.

Soutien psychologique des policiers et policières, intervention en première ligne auprès de gens ayant des problèmes de santé mentale, maintien d’effectifs policiers adéquats, opposition au définancement de la police, révision des processus de traitement des dossiers d’allégations envers des policiers et leurs délais, sensibilisation du travail des policiers auprès de la population, amélioration de la communication des corps de police avec le public ; Dominic Ricard ne manquera pas de travail.

« Il faut être capable de donner un bon service à la population et avoir les bons outils, la bonne formation et le bon soutien. Les policiers vivent souvent des événements difficiles et l’un des enjeux sera le volet santé psychologique et soutien aux policiers », annonce d’emblée M. Ricard.

En revanche, il veut également que les policiers soient mieux outillés pour aider les gens souffrant de problèmes de santé mentale. « Il faut cesser de jouer à Tetris » image M. Ricard, « c’est-à-dire essayer dans les services de santé, sans résultat, essayer dans les services sociaux, sans plus de succès, pour que finalement, les policiers et policières de première ligne se retrouvent à gérer la situation ».

« Dans le contexte de la pandémie, les cas ont explosé. Avec le confinement, ça devient difficile psychologiquement. Il y a beaucoup d’interventions. On est de plus en plus confronté à ça et on manque d’outils. On parle aussi de la possibilité de travailler avec des intervenants plus spécialisés que les policiers et il y a des formations qui s’en viennent », dit le chef syndical.

Un dernier rempart

Durant son mandat, Dominic Ricard veut aussi démystifier le métier de policier auprès de la population, alors que la police a souvent eu mauvaise presse ces dernières années, et au moment où les corps de police s’apprêtent à équiper leurs membres de caméras corporelles.

« Souvent la population a accès à des bouts de vidéos alors qu’il y a un prélude beaucoup plus long à ce que l’on voit. Les gens ne comprennent pas notre travail. Les policiers travaillent fort et sont dévoués. C’est souvent pris hors contexte et c’est triste de voir ce qu’il se dit. Les organisations policières ne sont pas très bavardes et devraient l’être davantage », dit-il.

Les 5000 policiers et policières de la Sûreté du Québec sont moins confrontés à des situations raciales que leurs collègues du SPVM ou d’autres villes de la région métropolitaine.

Par contre, il croit qu’un travail doit être fait pour améliorer cette facette et répliquer au mouvement favorable à un définancement de la police.

« Je trouve ça un peu triste qu’on blâme la police qui travaille d’arrache-pied au quotidien, avec les moyens et la formation qu’elle a, dans le contexte social qu’on a décidé. J’ai l’impression parfois que lorsqu’on est incapable de régler des problèmes, ils se retrouvent entre les mains de la police, qui est le dernier rempart pour protéger la société ».

« Je pense qu’il y a un travail à faire avec les différentes communautés. Il y a différentes réalités et il faut travailler en amont pour être capable de mieux se comprendre », croit le nouveau résident de l’APPQ.

Des carrières en veilleuse

Dominic Ricard ne veut pas commenter directement le dossier de son directeur général, Martin Prud’homme, toujours relevé de ses fonctions. Par contre, il se questionne sur le fait qu’il soit toujours relevé, un an et demi après avoir été blanchi au niveau criminel, et sur le fait que la plainte ait été portée 16 mois après un appel litigieux avec la directrice du DPCP, MAnnick Murphy.

Il croit que le processus d’allégations contre des policiers devrait être revu, et déplore le délai d’un an en moyenne-dit-il-des enquêtes du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) et du délai de six mois supplémentaires pour le traitement des dossiers par un procureur. C’est sans compter les processus disciplinaire et déontologique qui s’ajoutent par la suite.

« C’est pernicieux. Des policiers peuvent être 4-5-6 ans dans des processus judiciaire et déontologique à la suite d’un événement, c’est beaucoup de temps dans une carrière. J’en ai rencontré, ce n’est pas loin d’avoir détruit leur carrière. Elles ne sont plus les mêmes personnes après ces processus même si, à la fin, elles sont blanchies », affirme M. Ricard.

La carte policière

Augmenter, et non réduire les effectifs de la police, et intégrer à la SQ les corps de police des villes de 100 000 habitants-carte policière-sont aussi à l’agenda du nouveau président de l’APPQ.

Ce dernier a débuté sa carrière en 1997, comme policier-pompier à la défunte police de Shawinigan intégrée à la SQ en 2002.

Policier depuis à peine un an, il a été l’un des premiers à secourir des enfants et leurs parents lors de l’incendie de la Place Biermans à Shawinigan, et a encore bien en tête les images des structures de la salle de quilles et du cinéma qui s’effondraient.

Il était enquêteur de poste lorsqu’il a été libéré à temps plein pour le syndicat en 2016.

Pandémie oblige, l’élection du nouveau président s’est faite par correspondance, les 5000 policiers et policières de la SQ ayant reçu à la maison leur bulletin et une enveloppe préaffranchie.

Le dépouillement a eu lieu dans une auberge de Bécancourt, un endroit central, dans des salles différentes, sous la supervision d’une firme d’avocats de Québec.

Dominic Ricard succède à Pierre Veilleux qui a été président de l’APPQ durant 11 ans.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.