(Montréal) Derrière les portes closes : près de 80 000 aînés québécois vivant à domicile ont rapporté avoir vécu de la maltraitance au cours de l’année précédente.

C’est ce que révèle l’« Enquête sur la maltraitance envers les personnes aînées au Québec 2019-Portrait de la maltraitance vécue à domicile », publiée mercredi par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Il s’agit de la première enquête à ce sujet ayant généré des résultats représentatifs de cette population au niveau provincial, soutient l’Institut.

Ce chiffre de 78 900 aînés représente environ 6 % de la population du Québec âgée de 65 ans et plus.

Ceux vivant en CHSLD et en résidences pour aînés n’ont pas été évalués par cette enquête.

C’est la maltraitance psychologique qui a été rapportée le plus souvent, soit par un peu plus de 60 000 aînés. Il est notamment question ici de chantage affectif, de manipulation, d’humiliation, d’infantilisation, de menaces et de surveillance exagérée des activités.

Puis, d’autres ont signalé de la maltraitance physique (environ 10 000 d’entre eux), financière (plus ou moins 10 000 aînés ont signalé cette forme de maltraitance qui inclut la pression à modifier un testament, une transaction bancaire faite sans consentement et même des détournements de fonds), de la négligence physique et de la maltraitance sexuelle (environ 6000 personnes dans chacune de ces deux catégories). Un aîné pouvait sélectionner plus d’une forme d’abus dans ses réponses.

Le portrait dressé par l’ISQ énonce de façon très détaillée les formes de maltraitance et ses victimes : il servira entre autres à cerner les besoins de sensibilisation et de prévention.

L’exercice est sérieux : « La maltraitance peut entraîner de sérieuses conséquences physiques et psychologiques pour les personnes qui la subissent, d’autant plus si elle se produit à un moment de leur vie où elles sont plus fragiles et vulnérables ». Elle peut augmenter le risque qu’elles se retrouvent en mauvaise santé, qu’elles souffrent d’anxiété et de dépression ou qu’elles se replient sur elles-mêmes, est-il aussi noté dans le rapport.

Le rapport d’enquête montre que les femmes sont plus souvent victimes que les hommes de maltraitance psychologique, physique ou sexuelle.

Les facteurs de risques ont aussi été évalués : les différentes formes de maltraitance touchent en plus grande proportion les personnes aînées qui ont vécu de la violence dans leur vie, celles qui vivent seules, celles qui ont besoin d’aide pour leurs activités quotidiennes ou qui reçoivent des services à domicile comme des soins infirmiers, rapporte l’ISQ.

L’on peut aussi se demander qui sont ces personnes qui maltraitent les aînés ?

Selon l’ISQ, elles sont souvent les conjoints ou les ex-conjoints ainsi que leurs enfants, y compris les beaux-fils et les belles-filles, lorsqu’il est question d’abus psychologique.

Plus d’hommes que de femmes sont mentionnés comme auteurs de la maltraitance par les personnes âgées, quel que soit le type de maltraitance subi.

Et ces victimes de maltraitance n’en parlent pas forcément, souligne l’ISQ. Près du tiers n’en ont dit mot, soit parce qu’elles n’en ressentaient pas le besoin ou qu’elles pensaient que le fait de poser l’une ou l’autre de ces actions ne changerait rien.

Environ une personne aînée maltraitée sur 10 a toutefois confié ne pas avoir parlé ou demandé de l’aide car elle se sentait embarrassée ou honteuse ou parce qu’elle ne voulait pas mettre la personne maltraitante dans l’embarras.

C’est le Secrétariat aux aînés du ministère de la Santé et des Services sociaux qui a confié le mandat de réaliser cette étude à l’ISQ pour avoir un portrait global de la situation. L’Institut a recensé les réponses données à un questionnaire téléphonique par 8860 personnes âgées de 65 ans et plus. La collecte de donnée s’est faite de février à juin 2019 et portait sur des situations survenues au cours des 12 mois précédant l’enquête.

Les aînés victimes de maltraitance ou ceux qui souhaitent de l’information peuvent contacter la Ligne Aide Abus Aînés au 1-888-489-2287.