Les pages Facebook de Radio-Québec et d’Alexis Cossette-Trudel, une des figures de proue du mouvement antimasque qui diffuse des webjournaux aux relents conspirationnistes rejetant la gravité de la pandémie, ont été fermées par le réseau social au cours des dernières heures.

Dans un message envoyé à La Presse, Facebook confirme qu’elle a retiré les pages de M. Cossette-Trudel dans le cadre d’un coup de balai visant à éliminer tout compte associé à QAnon, ce mouvement complotiste qui prétend que l’élite politique est sous le contrôle de réseaux pédo-satanistes. « Nous procédons maintenant au retrait des pages, des groupes et des comptes Instagram liés à QAnon, y compris Radio-Québec. Il faudra un certain temps pour appliquer cette mesure et nous prioriserons ce travail dans les jours et semaines à venir », affirme Facebook dans une déclaration.

Le retrait des comptes est fait par Facebook dans le cadre d’un renforcement de sa « politique sur les personnes et les organisations dangereuses ».

M. Cossette-Trudel, dont les comptes comptaient plus de 70 000 abonnés, a souvent rapporté les théories de QAnon dans des vidéos publiées sur Facebook, YouTube et d’autres plateformes.

Il a notamment affirmé, dans une vidéo publiée en mai dernier sur YouTube, que « tout le monde autour de [Justin] Trudeau baigne dans la pédophilie » et que « les personnes autour de lui sont comme systématiquement arrêtées et font face à des problèmes de pédophilie ». Il affirme aussi que le logo de la Fondation Trudeau est le même qu’un logo secret utilisé par les cercles pédophiles. Le mot « Pédo ? » apparaissait par ailleurs sur une photo de Justin Trudeau dans l’image annonçant la vidéo sur YouTube.

C’est La Presse qui a appris à M. Cossette au téléphone que Facebook venait de fermer son compte Radio-Québec mercredi matin. « Je viens de le constater. On va voir ce qu’on peut faire avec ça. Ça fait à peu près un an que je ne parle pas de QAnon. Je ne vois pas sur quoi ils s’appuient pour me fermer », a-t-il réagi.

Selon nos informations, un lien vers le site web radioquebec.ca, où figure un logo de QAnon, a notamment attiré l’attention de Facebook. Le réseau social a décidé ces derniers jours de « démonétiser » la page de Radio-Québec, en l’empêchant de récolter des dons du public grâce au service PayPal. « Quand on mettait le lien PayPal, on n’était plus capables de partager les vidéos, reconnaît M. Cossette-Trudel. Les vidéos en direct ne passaient pas, et quand on essayait de partager, ça ne fonctionnait pas. »

Par ailleurs, questionné au sujet des allégations de pédophilie qu’il a faites à l’égard de l’entourage de M. Trudeau, M. Cossette-Trudel a juré n’avoir jamais dit que « tout le monde » autour du premier ministre est pédophile. Il soutient s’être basé sur un article du Buffalo Chronicle, un journal qui publie de fausses nouvelles sur la politique canadienne et dont le contenu a été largement discrédité par plusieurs enquêtes journalistiques de médias établis.

M. Cossette-Trudel a dit qu’il ne consentait pas à nous accorder une entrevue lorsque nous l’avons questionné sur les affirmations qu’il a faites au sujet de l’entourage de M. Trudeau.

« Ils voulaient faire fermer Radio-Québec, au mois d’avril, ils disaient que c’était des conspiracy nuts, . [Le président du Conseil privé Dominic] Leblanc disait qu’il voulait purger internet des conspiracy nuts. Alors j’ai répliqué avec toute ma force », a justifié M. Cossette-Trudel.

Fils des ex-felquistes Jacques Cossette-Trudel et Louise Lanctôt, Alexis Cossette Trudel a été régulièrement invité comme orateur lors des manifestations antimasque des dernières semaines. Il a affirmé dans ses webjournaux que la crise sanitaire actuelle est une répétition de celle d’Octobre 70, à la suite de laquelle ses parents ont été exilés à Cuba après avoir participé au kidnapping du diplomate britannique James Cross.

Il est très proche de la Fondation pour la défense des droits et libertés du peuple, qui a récolté plus de 470 000 $ à la suite d’un webothon auquel il a participé, afin de financer des recours judiciaires contre le gouvernement.